Les maladies foliaires sont susceptibles de réduire le potentiel de rendement des cultures et la rentabilité de l’exploitation. Certaines techniques de lutte intégrée, notamment le choix des produits de semence, le travail du sol, l’ajustement de la date de semis, la gestion de l’eau, le dépistage et les applications de fongicides foliaires, peuvent être utilisées pour aider à protéger le potentiel de rendement et à minimiser les effets d’une flambée de maladie.

Chaque maladie foliaire du maïs et du soya possède des caractéristiques propres liées à son développement : conditions de croissance humides ou sèches, températures fraîches ou chaudes, capacité de survie sur ou dans les résidus de culture et stade de croissance de la culture où l’infection est la plus dommageable. Il est important de connaître les caractéristiques de chaque maladie et l’historique des champs lorsqu’on envisage des mesures de lutte intégrée.

Les spores fongiques présentes sur les résidus peuvent être disséminées par le vent, l’eau, les équipements et les animaux. Dans les systèmes classiques de travail du sol, les résidus infectés peuvent être enfouis, ce qui peut contribuer à réduire les chances de survie d’un agent pathogène et les risques d’infection d’une prochaine culture. Cependant, ces mêmes chances de survie augmentent dans un contexte de travail réduit du sol. Selon la maladie, le fait de semer plus tôt ou plus tard peut aider à repousser les risques d’infection.

L’application de fongicides foliaires peut être envisagée pour maîtriser les maladies fongiques lorsque les autres mesures de lutte intégrée ne sont pas pratiques ou ont connu un succès limité. Selon la résistance ou la tolérance du produit de maïs ou de soya et la pression de la maladie, un traitement fongicide peut atténuer l’impact des maladies foliaires. Les fongicides à base de strobilurine et de triazole, ainsi que les combinaisons de ces produits, sont les principaux groupes de fongicides utilisés pour maîtriser les maladies du maïs et du soya durant la saison. Les fongicides de type strobilurine sont efficaces pour maîtriser de nombreuses maladies, exercent une activité systémique localisée et peuvent bloquer la germination des spores ainsi que la pénétration dans l’hôte lorsqu’ils sont appliqués avant le développement de la maladie. Les triazoles sont également des fongicides à large spectre qui se déplacent dans le xylème (vers le haut) et qui peuvent inhiber la synthèse de la membrane cellulaire de l’agent pathogène, limitant ainsi la propagation de la maladie.

La résistance aux fongicides peut se manifester lorsque le même mode d’action fongicide est utilisé de façon continue. Par conséquent, on doit envisager un fongicide à mode d’action différent quand une autre application est nécessaire.

Les fongicides foliaires peuvent être plus efficaces pour prévenir que pour guérir une maladie; c’est pourquoi le dépistage est important si on souhaite appliquer le traitement au stade de croissance idéal de la culture1. Si un fongicide est appliqué avant l’infection par la maladie, une barrière protectrice empêchant l’infection est créée et une activité curative peut être obtenue. L’activité curative peut se produire lorsque le fongicide est présent dans les tissus de la plante et qu’il interrompt rapidement la croissance de l’agent pathogène1. Les fongicides à activité curative ne « guérissent » pas une plante malade, mais limitent plutôt la reproduction de l’agent pathogène. Les fongicides à activité curative sont plus efficaces s’ils sont appliqués avant l’infection ou dans les 72 heures suivant l’infection1. Comme chaque maladie se développe dans des conditions de croissance différentes, un dépistage continu après le semis aide à détecter la présence de maladies et autres problèmes de parasites.

Les fongicides sont généralement considérés efficaces pendant 21 jours. Cela tient à la croissance de nouvelles feuilles non protégées après l’application et à la dégradation du fongicide à la surface des feuilles2. Pour aider à maximiser l’activité potentielle du fongicide, il est important de l’appliquer au bon moment.

Dépistage

Avant de procéder au dépistage, il est important d’acquérir des connaissances générales sur l’identification et les caractéristiques de développement des maladies du maïs et du soya. Pour vous aider à identifier et à comprendre les maladies du maïs et du soya, consultez les articles Identifying Key Diseases in Corn et Watching for Soybean Diseases? Remember these Key Signs.

  • Notions générales
    • La sensibilité, la résistance ou la tolérance aux maladies varient pour chaque produit de maïs ou de soya. Le dépistage doit être pratiqué en continue après l’émergence des plantules pour identifier d’éventuels problèmes de santé. Le stade critique pour le dépistage des maladies dans le maïs correspond à la période qui précède la sortie des panicules.
    • Le dépistage est important quand les conditions météorologiques favorisent le développement des maladies.
    • L’irrigation, le semis tardif ou hâtif, un fort taux de semis et le potentiel de rendement élevé sont des facteurs qui peuvent augmenter le risque de développement des maladies.
    • Les champs de maïs comportant 35 % ou plus de résidus, y compris ceux cultivés en maïs en continu, en semis direct et en travail réduit, et qui présentent des antécédents de maladies foliaires doivent faire l’objet d’un dépistage régulier car de nombreuses maladies foliaires survivent dans les résidus de maïs et commencent à produire des spores lorsque le temps humide favorise leur développement2.
    • Les résidus de soya peuvent également héberger des agents pathogènes d’une année à l’autre dans les systèmes de production de soya en continu, et certains agents pathogènes, comme celui de la pourriture à sclérotes, peuvent survivre pendant plusieurs années dans le sol.
  • Notions spécifiques
    • Maïs
      Le dépistage des lésions suffisamment tôt pour éviter une infection grave des feuilles de l’épi peut aider à déterminer le stade propice pour un traitement fongicide économique et efficace. La feuille de l’épi et les feuilles situées plus haut sur les plants de maïs doivent être protégées des agents pathogènes car ce sont elles qui fournissent le plus d’énergie pendant le remplissage des grains1. Une ligne directrice générale à respecter est de pulvériser lorsque les symptômes de la maladie se sont développés sur la troisième feuille en dessous de la feuille de l’épi ou sur les feuilles situées plus haut sur 50 % des plants au stade de la sortie des panicules3. Quand un traitement fongicide est nécessaire, c’est généralement une application effectuée entre les stades de la sortie des panicules (VT) et de l’apparition des soies (R1) qui procure les meilleurs bénéfices (figure 1)4.
    • Soya
      L’usage des fongicides dans le soya diffère de celui dans le maïs parce que le développement des feuilles est plus important après le traitement. Les applications de fongicides effectuées avant le stade de croissance R1 (début de la floraison) ou après le stade R6 (grossissement des graines) ne sont souvent pas économiques5. Une application hâtive de fongicide au stade R2 (pleine floraison) (figure 2) peut procurer un avantage en faveur du potentiel de rendement par rapport aux applications effectuées à R4 (remplissage des gousses) (figure 3)6. Dans le cas de la pourriture à sclérotes ou sclérotiniose, le traitement doit être effectué à un moment différent car l’infection se produit d’abord à R1. Une application supplémentaire peut être nécessaire à un stade de croissance ultérieur pour maîtriser d’autres champignons pathogènes.
    • Il faut tenir compte des conditions météorologiques pour déterminer le stade d’application des fongicides dans le soya. Les traitements fongicides sont souvent bénéfiques si l’hôte ne présente aucune résistance et lorsque des conditions favorisant le développement de la maladie sont prévues au stade de croissance R3 (premières gousses) (figure 4). Des applications ultérieures de fongicides peuvent être nécessaires en cas de forte pression de maladie. Un herbicide ou un insecticide compatibles peuvent être inclus s’ils sont homologués pour le soya afin d’aider à combattre les mauvaises herbes et les insectes, respectivement.
Application par voie aérienne d’un fongicide foliaire au stade de la sortie des panicules

Figure 1. Application par voie aérienne d’un fongicide foliaire au stade de la sortie des panicules.

Soya en fleur (stade de développement R2)

Figure 2. Soya en fleur (stade de développement R2).

Plant de soya au stade du remplissage des gousses (stade de développement R4)

Figure 3. Plant de soya au stade du remplissage des gousses (stade de développement R4).

Gousse de soya au stade des premières gousses (stade de développement R3)

Figure 4. Gousse de soya au stade des premières gousses (stade de développement R3).