Un champ propre, du semis à la récolte

Au Canada, le soya peut produire de bons rendements dans divers systèmes de travail du sol, y compris le semis direct. Environ deux tiers des superficies de soya en Ontario, par exemple, ont été converties au semis direct ou au travail réduit1. Cependant, s’ils ne sont pas gérés correctement, les champs cultivés continuellement en semis direct peuvent connaître des problèmes croissants de mauvaises herbes, notamment des changements quant à la composition des espèces adventices, leur densité et leur schéma de distribution dans le temps. On conseille souvent aux producteurs de soya de garder leurs champs propres, du semis à la récolte. Pour réduire le plus possible les pertes de rendement dues à la concurrence des mauvaises herbes, il est important de lutter contre celles-ci dès le début de la saison, pendant la période critique sans mauvaises herbes. Le soya supporte mal la concurrence des mauvaises herbes, particulièrement tout juste après la germination. On estime que les pertes de rendement dues à la concurrence des mauvaises herbes peuvent atteindre entre 20 et 40 %2,3. Les plants de soya ont besoin d’un coup de pouce jusqu’à ce qu’ils soient assez grands pour dominer les concurrents. Des traitements herbicides non sélectifs et à effet résiduel efficaces devraient être appliqués avant l’émergence de la culture..

Apprenez à reconnaître les mauvaises herbes

Les producteurs doivent adopter une approche dynamique de la gestion des mauvaises herbes dans les systèmes de production de soya en semis direct. Savoir quelles sont les mauvaises herbes présentes aidera les producteurs à élaborer une stratégie de lutte adéquate. Au nombre des mauvaises herbes qui gagnent en importance dans les systèmes de semis direct au Canada, on trouve le pissenlit, la vergerette du Canada, l’amarante de Palmer, l’amarante (ou acnide) tuberculée et le kochia à balais.

  • Pissenlit – La diminution du travail du sol avant le semis et entre les rangs, jumelée à l’utilisation des herbicides comme principale stratégie de lutte contre les mauvaises herbes, a entraîné une augmentation de l’abondance relative du pissenlit dans les champs de soya4. Les racines pivotantes de cette mauvaise herbe permettent la circulation d’hydrates de carbone vers les parties aériennes de la plante pendant la période de croissance rapide au printemps, et c’est pourquoi il est difficile de maîtriser le pissenlit avec les plus faibles doses de glyphosate homologuées5,6. Les racines du pissenlit sont également capables de produire de nouvelles pousses, ce qui complique la situation plus tard dans la saison. Les herbicides à effet résiduel doivent être envisagés pour intervenir au moment de la germination des graines de pissenlit. Les graines tombant sur un sol humide en juin peuvent donner naissance à de nouveaux plants; certaines graines peuvent demeurer en dormance et alimenter le réservoir de graines d’une année à l’autre.
  • La vergerette du Canada – Compte tenu de son cycle biologique et du potentiel documenté d’apparition de biotypes résistants au glyphosate, la vergerette du Canada est une mauvaise herbe particulièrement importante à maîtriser tôt dans la saison. Pour obtenir des résultats à long terme contre la vergerette du Canada, il est indispensable d’intervenir avant qu’elle ne produise ses graines. Les graines de vergerette du Canada ne requièrent pas de période de dormance et germent facilement à l’automne, au printemps et toute la saison quand les conditions sont favorables7. La vergerette du Canada tolère les conditions de sécheresse qui sont généralement stressantes pour le soya, et le dépistage doit se faire durant toute la saison. Des biotypes de vergerette du Canada résistants aux herbicides des groupes 2 et 9 ont été identifiés en Ontario. Pour maximiser le rendement de la culture, il est essentiel de combattre la vergerette du Canada résistante aux herbicides tôt dans la saison, quand les plantules sont assez petites pour être détruites.
  • Amarante de Palmer – L’amarante de Palmer est une mauvaise herbe combative qui peut prendre de cinq à sept centimètres par jour et produire un million de graines par plant. Elle se distingue par une période d’émergence prolongée, un taux de croissance rapide, une abondante production de graines et une propension à acquérir rapidement une résistance aux herbicides8.
  • Amarante tuberculée (ou acnide tuberculée) – Les graines d’amarante tuberculée et d’amarante de Palmer peuvent être transportées d’un champ à l’autre par une moissonneuse-batteuse ou d’autres équipements agricoles contaminés ou encore par l’eau. Il est important de connaître les légères différences qui distinguent l’amarante tuberculée des autres espèces d’amarante9.
  • Kochia à balais – Contrairement à la plupart des mauvaises herbes, le kochia à balais a été introduit comme plante ornementale par les immigrants européens et s’est largement implanté. Chaque plant de cette mauvaise herbe prolifique produit généralement environ 15 000 graines10. Les graines sont dispersées à l’automne lorsque la plante arrive à maturité. En l’absence de toute intervention, elle produit un virevoltant (ou tumbleweed) qui entraîne la dispersion des graines sur de longues distances. Le kochia à balais peut également être transporté par les moissonneuses-batteuses et autres équipements agricoles. Il tolère la sécheresse et les sols salins. Ses graines ont une durée de vie assez courte dans le sol, soit deux à trois ans seulement. Les différentes variétés de kochia à balais peuvent se croiser entre elles et produire de grandes quantités de pollen, ce qui constitue une importante source de variabilité génétique propice à l’acquisition d’une résistance aux herbicides.
Figure 1. Mauvaises herbes susceptibles de causer des problèmes dans les systèmes de production de soya en semis direct au Canada
• Vergerette du Canada, Pissenlit, Kochia à balais, Amarante de Palmer, Amarante tuberculée

Dépistage hâtif

Parce que certaines caractéristiques de ces mauvaises herbes les rendent si prolifiques et difficiles à maîtriser, il est essentiel de procéder au dépistage hâtif pour déterminer quelles sont les espèces présentes si on souhaite obtenir de bons résultats de désherbage dans un contexte de semis direct. Les quatre principaux éléments à considérer pour maîtriser efficacement les mauvaises herbes sont les suivants :

  • Les mauvaises herbes qui hivernent : qu’elles reprennent leur croissance entamée avant l’hiver ou qu’elles soient issues de nouvelles graines, les mauvaises herbes vivaces qui apparaissent tôt au printemps risquent de causer des difficultés aux producteurs.
  • Émergence durant toute la saison : les mauvaises herbes comme la vergerette du Canada doivent faire l’objet d’une surveillance rigoureuse et continuelle parce qu’elles apparaissent à l’automne et au printemps.
  • Identification précise des mauvaises herbes : Il est également essentiel de savoir identifier le schéma de distribution propre à chaque mauvaise herbe au début de la saison, c’est-à-dire distinguer rapidement, par exemple, l’amarante tuberculée de l’amarante à racine rouge et adapter les méthodes de lutte et l’application de produits phytosanitaires en fonction des espèces prédominantes qui apparaissent dans les champs cultivés en semis direct (voir le tableau 1).
  • Réservoirs de graines de mauvaises herbes : Plusieurs espèces de mauvaises herbes sont prolifiques et sont à l’origine d’énormes réservoirs de graines. Un seul plant d’amarante tuberculée peut produire entre 250 000 et un million de graines. Voilà pourquoi il est si important, dans une situation de semis direct, d’identifier et de maîtriser rapidement les mauvaises herbes.

Période critique de désherbage

La période critique de désherbage est une période du cycle de vie de la culture durant laquelle la concurrence des mauvaises herbes entraîne une perte de rendement. La perte de rendement est limitée au minimum lorsque les mauvaises herbes sont maîtrisées pendant cet intervalle. Dans le cas du soya, la période critique de désherbage (ou période critique sans mauvaises herbes) correspond au stade d’une à trois feuilles trifoliées (V1-V3). Le début de cette période a été fixé au stade V1 ou V2 du soya, selon le moment de l’émergence des mauvaises herbes11. En semis direct, on s’attend à ce que les mauvaises herbes lèvent plus tard car les sols sont plus frais au printemps; par conséquent, une bonne gestion du désherbage repose essentiellement sur le dépistage efficace des mauvaises herbes pour identifier le moment optimal d’application des herbicides. La lutte efficace contre les mauvaises herbes dépend de plusieurs facteurs, dont le climat, le type de sol, le taux d’humidité ainsi que l’espèce, la densité et la taille des plantes à éliminer.

Choix des herbicides

Pour les producteurs de soya aux prises avec du pissenlit, de la vergerette du Canada, de l’amarante à racine rouge, de l’amarante tuberculée et d’autres espèces de mauvaises herbes à feuilles larges, les herbicides à effet résiduel appliqués en présemis ou prélevée sont les meilleurs outils de gestion. Les options de traitements contre ces mauvaises herbes après la levée de la culture sont limitées et risquent de ne pas offrir d’aussi bons résultats. Le tableau 1 présente les solutions herbicides offertes par Bayer.

Herbicides non sélectifs de présemis et herbicides de prélevée

Les traitements non sélectifs (brûlage) et les herbicides à effet résiduel appliqués en prélevée permettent de lutter efficacement contre les mauvaises herbes au moment où les plantules germent et émergent du sol et ils contribuent à limiter le ravitaillement du réservoir de graines pendant la saison de croissance. En outre, appliquer un traitement herbicide tôt en saison et favoriser la croissance vigoureuse des plants de soya donnent au producteur le temps de réduire au minimum la concurrence des mauvaises herbes pendant une période critique du développement de la culture. Avec des herbicides tels que XtendiMax et Roundup Xtend, la clé du succès consiste à appliquer la dose maximale dès le premier passage. Inclure des herbicides de prélevée dans la stratégie de désherbage peut favoriser la vigueur de la culture et lui permettre de s’accaparer les ressources au détriment des mauvaises herbes, ce qui peut diminuer les besoins en traitements de postlevée.

Période d’application des herbicides

La clé pour combattre efficacement les mauvaises herbes consiste à choisir le bon moment pour les appliquer. Le temps chaud au printemps accélère la levée des mauvaises herbes, et l’utilité des herbicides de postlevée peut alors se limiter à retarder la croissance des vivaces et annuelles d’hiver pendant la saison. Au printemps, la lutte contre les mauvaises herbes vivaces et annuelles d’hiver doit commencer avant le semis ou la levée de la culture.

Le tableau 1 présente les possibilités de solutions de gestion des mauvaises herbes avant et après la levée de la culture. Les traitements herbicides à effet résiduel de présemis et de prélevée aident à combattre la résistance des mauvaises herbes et la concurrence en début de saison.

Tableau 1. Herbicides de Bayer utilisés pour maîtriser les principales espèces de mauvaises herbes dans le soya cultivé en semis direct.
Herbicide Espèces maîtrisées
Herbicide XtendiMaxMD avec la technologie VaporGripMD Vergerette du Canada, amarante à racine rouge, ansérine de Russie, amarante hybride, kochia à balais, amarante de Palmer, amarante tuberculée et d’autres mauvaises herbes à feuilles larges*
Herbicide SencorMD 75 Pissenlit (plantule), amarante à racine rouge, stellaire moyenne et d’autres espèces à feuilles larges et graminées*
Herbicide Roundup XtendMD Vergerette du Canada, stellaire moyenne, kochia à balais, pissenlit, amarante à racine rouge, ansérine de Russie, amarante hybride

* Pour obtenir la liste complète des espèces maîtrisées par ce produit, veuillez lire l’étiquette.