Au Canada, il n’existe que trois principaux modes d’action pouvant être utilisés dans les champs de culture. Nous devons approfondir le sujet pour comprendre et évaluer les risques réels liés au développement de la résistance aux fongicides.
Lorsqu’ils évaluent le potentiel de résistance aux fongicides, les chercheurs se concentrent sur trois catégories de risques :
Il est préférable pour tous que nous préservions les outils fongicides que nous possédons déjà pour éviter de reproduire les problèmes de résistance que nous connaissons avec les herbicides. Il faut toutefois savoir qu’il existe des différences fondamentales entre la résistance observée à l’égard des herbicides et celles pouvant se manifester à l’égard des fongicides.
Lors de l’évaluation des risques liés à la résistance, les cultivateurs et les agronomes doivent tenir compte de trois facteurs. L’évaluation des risques liés à la résistance comprend le principal mode d’action du fongicide, l’agent pathogène et les pratiques agricoles propres à la ferme.
ÉVALUATION DU RISQUE DE RÉSISTANCE AUX FONGICIDES
Lorsque vous évaluez les risques à l’égard des agents pathogènes par rapport aux risques fongicides et agronomiques (pratiques à la ferme), vous êtes en mesure d’évaluer le risque global à développer une résistance aux fongicides.
Source: www.frac.info
Pour en savoir plus au sujet de la résistance aux fongicides, regardez nos vidéos sur YouTube à l’adresse – goo.gl/nlIwSQ
Les agents pathogènes
- Y a-t-il un ou plusieurs cycles de maladies par année?
- Y a-t-il une production élevée de spores?
- La propagation s’effectue-t-elle dans le sol ou par le vent?
- Y a-t-il infection de la culture à tous les stades de croissance?
- Les agents pathogènes ont-ils un stade de reproduction sexuée? S’ils sont asexués, le risque est-il plus faible?
- Y a-t-il une valeur sélective après la mutation?
- Les agents pathogènes survivent-ils à l’hiver?
En tenant compte des facteurs susmentionnés et en les combinant à la documentation mondiale d’observations sur le terrain, certains des principaux agents pathogènes présents au Canada ont été classés selon leur niveau de risque et leur capacité à développer de la résistance. Les résultats sont présentés dans le tableau qui suit*.
* Les agents pathogènes de la liste peuvent infecter d’autres cultures que celles indiquées dans le tableau
Les fongicides
- Y a-t-il un seul site d’action visé?
- Y a-t-il un seul gène qui contrôle la résistance?
- L’activité est-elle élevée et persistante?
Les fongicides sont classés selon leur modèle de résistance type, même si les risques de développer de la résistance ne sont pas tout à fait uniformes au sein d’un groupe de fongicides. Le classement qui suit repose sur les trois facteurs susmentionnés ainsi que sur la documentation mondiale d’observations sur le terrain.
* Il ne s’agit pas d’une liste exhaustive, mais elle regroupe la majorité des matières actives pertinentes pour le Canada.
PRATIQUES AGRONOMIQUES
- Les conditions climatiques favorisent-elles la maladie?
- Quel est le nombre d’applications de fongicides par année?
- Quel est le nombre d’applications de fongicides s’attaquant à un même agent pathogène, année après année?
- Quels sont les taux utilisés? (létaux ou sublétaux)
- Y a-t-il des cultivars résistants disponibles?
- Y a-t-il possibilité d’irrigation?
- Quelles sont les mesures sanitaires? (c.-à-d. travail du sol)
- Les options de fertilisation ont-elle été considérées?
La dernière étape de l’évaluation des risques globaux est celle de l’évaluation des facteurs de risques agronomiques et de l’attribution d’une cote 1 lorsque le risque est élevé et d’une cote 0,5 lorsque le risque est faible. Cela signifie que de bonnes pratiques agronomiques réduisent les risques de résistance de moitié!
Les pratiques agronomiques constituant un grand risque de développer une résistance aux fongicides comprennent :
- Utiliser le même mode d’action contre le même agent pathogène à plusieurs reprises au cours d’une même saison (dans la plupart des cas, les maladies qui sont contrôlées par le traitement de la semence ne provoquent pas de symptômes foliaires au cours de la même année).
- Appliquer un fongicide une fois que la culture est déjà très infectée au lieu de l’appliquer de façon préventive (avant que l’infection ne soit trop grave).
- Ne pas adopter l’utilisation de mesures supplémentaires de contrôle non chimique.
- Utiliser des cultivars et d’autres variétés vulnérables.
- Ne pas enterrer les résidus très infectés (travail du sol).
- Effectuer une mauvaise rotation des cultures — planter la même culture année après année, ou planter une autre culture qui est sensible aux mêmes agents pathogènes que l’année précédente.
Les incidences de résistance aux fongicides pour les agents pathogènes des céréales, des légumineuses, du canola, du maïs et du soya sont plutôt rares en Amérique du Nord. Les principaux agents pathogènes problématiques pour les cultivateurs canadiens comme la pourriture sclérotique, la rouille et la fusariose sont considérés comme étant des agents pathogènes à faible risque. De plus, les conditions agronomiques et environnementales sont perçues comme étant faibles, ce qui a une grande influence sur les risques de résistance dans les provinces canadiennes. Cela signifie que même si la résistance aux fongicides est une situation dont les cultivateurs doivent se soucier, le risque général de résistance aux fongicides au Canada est plutôt faible par rapport à d’autres parties du monde.