Application d’herbicides et risques associés à la persistance

Les herbicides sont appliqués pour lutter contre les mauvaises herbes dans la plupart des cultures d’intérêt agronomique. Il est important de savoir s’ils sont persistants et, le cas échéant, de connaître la durée pendant laquelle ils demeurent actifs dans le sol, afin de limiter les risques de dommages aux cultures subséquentes.

Les facteurs qui influencent la persistance d’un herbicide sont les suivants :

  • Propriétés physico-chimiques de l’herbicide liées au sol;
  • Dose, moment et fréquence d’application de l’herbicide;
  • Conditions environnementales après l’application - en particulier la quantité et le moment des précipitations;
  • Propriétés du sol, telles que texture, pH et matière organique;
  • Sensibilité à l’herbicide de la culture de rotation.

Propriétés physico-chimiques de l’herbicide

La composition chimique de l’herbicide et la dose appliquée interviennent sur la présence éventuelle de résidus biologiquement actifs dans le sol. Le pouvoir de persistance des herbicides est variable, et les herbicides qui demeurent actifs dans le sol pendant longtemps représentent la plus grande menace pour les cultures de rotation1. Il est important de lire l’étiquette pour connaître les restrictions de réensemencement après l’application d’un herbicide, car certains herbicides exigent un délai d’une année ou plus avant le semis de cultures sensibles.

Dose, moment et fréquence d’application

La dose appliquée, le moment de la saison et l’utilisation répétée d’herbicides à effet résiduel ont une incidence sur la persistance. Une mauvaise technique d’application, que ce soit l’utilisation d’une dose supérieure aux recommandations figurant sur l’étiquette ou le chevauchement de la pulvérisation (dans les zones de retournement, par exemple), augmente le risque de persistance de l’herbicide. De même, plus un herbicide à activité résiduelle est appliqué tard dans une saison de croissance, plus le risque de persistance est élevé1. Les herbicides peuvent également avoir un effet cumulatif dans le sol. Les herbicides à effet résiduel qui ciblent de façon similaire les systèmes métaboliques de plantes apparentées peuvent s’accumuler dans le sol et causer davantage de dommages aux cultures subséquentes2. Veuillez toujours suivre les directives de l’étiquette concernant les applications séquentielles d’herbicides et respecter l’intervalle de réensemencement le plus restrictif. Les herbicides de Bayer VarroMD ou Velocity m3 peuvent être utilisés en combinaison avec l’herbicide OlympusMD, conformément aux directives spécifiées sur leur étiquette respective. Ces herbicides ne doivent pas être utilisés la même année que d’autres herbicides du groupe 2.

Conditions environnementales

Les conditions météorologiques sont le principal facteur qui influence la persistance des herbicides. Dans le cas de nombreux herbicides, la dissipation se fait essentiellement par dégradation microbienne. Le sol doit être suffisamment humide et chaud pour que les microorganismes puissent dégrader les résidus d’herbicides. La majeure partie de la dégradation des herbicides par l’activité microbienne se produit pendant l’été et au début de l’automne. Dans des conditions extrêmement sèches, le taux de dégradation des herbicides par les microorganismes du sol pourrait ralentir suffisamment pour permettre la persistance jusqu’à la saison suivante. L’activité microbienne diminue également à mesure que la température du sol baisse, et on n’observe que peu ou pas de dégradation des herbicides due à l’activité microbienne pendant l’hiver dans l’Ouest canadien3. Pendant l’hiver, l’humidité n’est pas susceptible d’augmenter suffisamment l’activité microbienne pour accroître le taux de dégradation des herbicides car le sol est trop froid. Des applications d’herbicides effectuées tard au printemps ou durant l’été et suivies d’un temps sec jusqu’en en automne, puis de températures fraîches qui se prolongeant jusqu’au début du printemps suivant, peuvent créer des conditions idéales pour les problèmes de persistance. Dans l’Ouest canadien, le risque associé à la persistance des herbicides est élevé lorsque les précipitations accumulées entre le 1er juin au 30 août totalisent moins de 125 mm4.

Propriétés du sol

Les microorganismes du sol sont responsables de la majeure partie de la dégradation des herbicides. Il est donc important que le sol présente de bonnes conditions de croissance pour ces microorganismes. Un sol chaud, humide, bien aéré, fertile et au pH modéré offre les conditions les plus propices pour la dégradation microbienne des herbicides1.

Les propriétés du sol peuvent influencer la persistance et la biodisponibilité des herbicides. Le problème de persistance apparaît lorsque l’herbicide devient biodisponible pour les cultures suivantes. Dans les Prairies, la persistance des herbicides présente davantage de risques pour les cultures de rotation dans les sols à faible teneur en matière organique et en argile. Dans les sols pauvres en matière organique, les populations microbiennes sont limitées et, par conséquent, les taux de dégradation microbienne des herbicides sont moindres que dans les sols riches en matière organique. Dans un sol à faible teneur en argile, les herbicides sont peu adsorbés sur les particules du sol et demeurent donc plus disponibles pour l’absorption par les plantes. En l’absence de précipitations suffisantes pendant la saison de croissance, il est possible que l’herbicide ne puisse se décomposer, et tout ce qui n’est pas étroitement lié aux colloïdes du sol (adsorbé) risque d’être solubilisé par d’éventuelles précipitations et d’endommager la culture3. La teneur minimale en matière organique du sol ainsi que les doses d’application recommandées selon la composition en argile figurent sur l’étiquette de certains herbicides dont l’utilisation limite les possibilités de cultures de rotation.

Le pH du sol est un autre facteur qui peut influencer la persistance et la biodisponibilité des herbicides. Par exemple, un pH élevé du sol peut allonger la persistance des herbicides à base de triazine et de sulfonylurée, mais écourter celle des herbicides à base d’imidazolinone5. Le risque de phytotoxicité pour la culture de rotation dû à la persistance du pyrasulfotole augmente avec le pH du sol.

Sensibilité à l’herbicide de la culture de rotation

Pour éviter d’endommager les cultures subséquentes après une application de la dose homologuée d’un ou plusieurs herbicides de Bayer, suivez les recommandations de cultures et d’intervalles de réensemencement qui figurent sur l’étiquette (fournies ici). Si vous utilisez un mélange en réservoir, respectez l’intervalle de réensemencement le plus restrictif. Seules les cultures dont l’intervalle prescrit est indiqué ci-dessous ont été testées sur le terrain et peuvent être semées en toute sécurité selon l’intervalle indiqué. Les autres cultures n’ont pas été testées et ne devraient pas être semées l’année suivant l’application des herbicides énumérés ci-dessous.

Tableau 1. Intervalles de réensemencement pour les herbicides de Bayer les plus souvent utilisés pour les cultures céréalières dans l’Ouest canadien

Herbicide de Bayer

Intervalle de réensemencement (en mois)

 

Luzerne

Orge

Alpiste des Canaries

Canola

Pois chiche

Maïs de grande culture

Haricot sec

Lin

Lentille

Moutarde

Avoine

Pois

Pomme de terre

Soya

Tournesol

Fléole des prés

Tomate

Blé de printemps

Blé dur

Blé d’hiver

InfinityMD herbicide

10

10

10

10

 

10*

 

10

22

 

10

10**

10

10*

10

 

10*

10

10

 

InfinityMD FXMD herbicide

10

10

10

10

 

10*

 

10

22

 

10

10**

10

10*

10

 

 

10

10

 

OlympusMD herbicide

 

10

 

10

 

 

 

12

10

 

12

10

 

 

 

 

 

0

0

0

TundraMD herbicide

10

10

10

10

 

10*

 

10

22

 

10

10**

10

10*

10

 

10*

10

10

 

Velocity m3 herbicide tout-en-un

10

10

10

10

 

10*

 

10

22

 

10

10**

 

10*

10

 

 

10

10

10

VarroMD herbicide

10

10

10

10

10

10

10

10

10

10

10

10

 

10

10

10

 

10

10

10

* Manitoba seulement

** Le pois de grande culture peut être cultivé l’année qui suit l’application dans toutes les zones de sols noirs, de sols gris luvisoliques et de sols brun foncé. NE PAS semer du pois de grande culture l’année suivante dans la zone de sols bruns où la teneur en matière organique est inférieure à 2,5 % et le pH est supérieur à 7,5.

Symptômes associés à la persistance des herbicides

Bien que les conditions du sol puissent favoriser la persistance de l’herbicide, il est possible qu’aucun symptôme de dommages n’apparaisse avant que des précipitations suffisantes n’entraînent les résidus d’herbicides dans la solution du sol et que ceux-ci entrent en contact avec les racines d’une culture sensible.

Certains herbicides du groupe 2 utilisés dans les cultures céréalières comportent des restrictions quant aux cultures de rotation. En effet, ces produits sont susceptibles de s’accumuler quand les conditions sont sèches durant l’année de l’application et d’endommager le point de croissance des plants des cultures subséquentes après leur émergence, risquant ainsi de les tuer (figures 1 et 2).

Le thiencarbazone-méthyle est l’ingrédient actif du groupe 2 des herbicides Varro et Velocity m3. Le propoxycarbazone est l’ingrédient actif du groupe 2 de l’herbicide Olympus. Bayer a testé ces produits dans un large éventail de conditions environnementales et recommande leur utilisation dans le cadre des restrictions de rotation de cultures décrites sur leur étiquette respective (voir ci-dessus). Veillez à respecter ces recommandations visant les cultures de rotation.

Un gros plan de canola endommagé par des résidus d’imazamox.

Figure 1. Canola endommagé par des résidus d’imazamox. Photo gracieuseté de Lyndsey Friesen.

Un exemple de canola endommagé par des résidus d’imazamox.

Figure 2. Peuplement de canola endommagé par des résidus d’imazamox. Photo gracieuseté de Lyndsey Friesen.

Les herbicides inhibiteurs de la HPPD sont recommandés dans diverses cultures, y compris les céréales et le maïs, et sont inclus dans plusieurs prémélanges herbicides. Le pyrasulfotole est un inhibiteur de la HPPD contenu dans l’herbicide Velocity m3, l’herbicide TundraMD, l’herbicide InfinityMD et l’herbicide InfinityMD FX. Dans des conditions normales, ces herbicides présentent un faible risque de persistance, mais il est reconnu que des conditions sèches pendant la saison d’application augmentent le risque de dommages associés à la persistance chez les cultures sensibles. Ces herbicides sont dégradés principalement par les microorganismes du sol. Des conditions de faible humidité du sol, de temps frais et de pH extrême peuvent inhiber la dégradation microbienne. Les dommages associés à la persistance des inhibiteurs de la HPPD se remarquent d’abord dans les zones de chevauchement des pulvérisations où les doses élevées ont augmenté le risque d’accumulation. La phytotoxicité peut être très évidente (feuilles blanchies) au début, mais ces symptômes s’estompent nettement avec le temps3. Bayer a testé ces produits dans un large éventail de conditions environnementales et recommande leur utilisation dans le cadre des restrictions de rotation de cultures décrites sur leur étiquette respective. Veillez à respecter ces recommandations visant les cultures de rotation.

Un exemple de canola endommagé par le pyrasulfotole, semaine 1
Un exemple de canola endommagé par le pyrasulfotole, semaine 2
Un exemple de canola endommagé par le pyrasulfotole, semaine 3
Un exemple de canola endommagé par le pyrasulfotole, semaine 4

Figure 3. Canola endommagé par le pyrasulfotole dans le temps.
Images prises aux dates suivantes (de gauche à droite) : 7 juin, 12 juin, 20 juin et 28 juin. Photos gracieuseté de Jessica Runge.

Gestion des risques associés à la persistance des herbicides

Les herbicides à effet résiduel dans le sol sont un élément important d’une stratégie efficace de lutte contre les mauvaises herbes. Dans des conditions environnementales normales, aucun problème de persistance d’herbicides survient généralement à l’intérieur des paramètres indiqués sur l’étiquette. Toutefois, il peut être nécessaire de modifier les plans de rotation des cultures dans les champs où des conditions anormales pourraient avoir favorisé la persistance d’un herbicide. Planifier judicieusement la rotation des cultures (par exemple, en semant des cultures moins sensibles) et tenir des registres complets sur les applications d’herbicides aideront à réduire au minimum les risques associés à la persistance des herbicides.

Les intervalles de rotation des cultures indiqués sur les étiquettes peuvent varier entre les herbicides d’un même groupe, ainsi qu’en fonction des conditions environnementales locales et des pratiques d’utilisation. Les utilisateurs doivent consulter l’étiquette de chaque produit pour connaître les recommandations et précautions spécifiques. Les experts locaux sont en mesure de fournir l’information sur la performance des herbicides dans des conditions locales et pour des types de sol particuliers.