Lorsque Dave McEachern, agriculteur, a pris place à bord d’un vol récemment et qu’il a entamé une conversation avec son voisin de siège, la question « Alors, qu’est-ce que vous faites dans la vie? » s’est transformée en discussion sans fin sur la production alimentaire.
M. McEachern a dû répondre à plusieurs questions sur des sujets variés liés à l'agriculture — des OGM aux pesticides, en passant par l'agriculture intensive ; on pourrait dire que ce vol s’est révélé passablement inconfortable. Toutefois, aborder ce genre de conversations difficiles fait partie du travail de Dave McEachern.
« Je rencontre des gens un peu partout, que ce soit dans des avions ou lors de fêtes, qu’il s’agisse d’amis ou des membres de ma famille. Tous se posent beaucoup des questions sur l'agriculture, et ces questions sont souvent très complexes », affirme le fermier ontarien de Glencoe. « Certaines personnes peuvent penser qu’un agriculteur n’est pas tenu d’aborder les questions de sécurité inhérentes à son métier et à ses activités », dit-il. « Personnellement, j’estime qu’il est important de se porter à la défense de l’agriculture. »
« La nourriture n'aura jamais été aussi sécuritaire ; pourtant, la population canadienne est plus craintive que jamais », a déclaré Kelly Daynard, directrice exécutive de Farm and Food Care. « Même si on a souvent l’impression du contraire, les gens s'intéressent réellement à la production des aliments. D'après mon expérience, la plupart des personnes veulent en savoir plus et les agriculteurs ont beaucoup d'histoires étonnantes à raconter. »
Écouter d’abord
Dave McEachern affirme que l'écoute peut être beaucoup plus difficile que le veut la croyance populaire, surtout lorsqu’il s’agit de désinformation. Il poursuit en disant que d’interrompre une personne au beau milieu d’une phrase peut déclencher une discussion où les interlocuteurs se tiennent sur la défensive.
Les consommateurs sont de plus en plus préoccupés par la salubrité des aliments qu’ils achètent.
« Il peut être difficile de ne pas être sur la défensive. C'est notre métier et notre mode de vie. En tant qu'agriculteurs, nous sommes généralement bien informés et fiers de ce que nous faisons », explique M. McEachern. « Mais rien ne met fin à une conversation plus rapidement que d’interrompre une personne qui essaie de se faire entendre. »
Surveiller ses propos
Les agriculteurs ne sont pas nécessairement des spécialistes de tous les aspects liés à l’agriculture. Dave McEachern précise qu'un manque de connaissances peut être dangereux lorsqu’on entame une discussion sur les questions alimentaires. Il conseille donc aux agriculteurs de parler des sujets qui leur sont familiers. « Je peux parler du bétail puisque j’ai grandi sur une ferme, mais je suis d’abord et avant tout un céréaliculteur », dit-il. « C’est le domaine que je connais le plus et que je défends avec ferveur dans le cadre de mes activités commerciales.»
Kelly Daynard affirme que les producteurs doivent se préparer à entamer ce type de conversations, tout en s’assurant de pouvoir répondre aux questions avec aisance.
« Écrivez le type de questions que l’on pourrait vous poser et assurez-vous d'avoir une réponse avant même d'essayer d'y répondre », dit-elle. « Notez ensuite les questions que vous espérez que l’on ne vous posera jamais, car elles sont celles auxquelles il est le plus difficile de répondre. »
« Environ deux pour cent de la population sont des agriculteurs et deux pour cent des activistes. En vous adressant à des activistes, la meilleure approche consiste à exposer votre point de vue, puis à vous en aller. Toutefois, 96 % de la population pourrait souhaiter en apprendre davantage. » - Dave McEachern
Minimiser l’utilisation du langage technique
Quand on discute de haute technologie dans le domaine de l’agriculture, il est facile de vouloir partager des idées scientifiques et d’analyser les résultats. Et, même si les faits sont importants, les gens éprouvent parfois des difficultés à entamer une discussion technique.
« Bien que l’industrie agricole soit axée sur la science, la conversation ne commence pas là », déclare Kelly Daynard. « Personnalisez votre histoire chaque fois que vous le pouvez et mentionnez ensuite pourquoi vous faites confiance aux produits et à la technologie que vous utilisez. »
Être conscient de son public
Au cours de la discussion dans l'avion, M. McEachern s'est rapidement rendu compte qu'il avait un public attentif autour de lui. Certains des passagers ont même participé à la conversation.
« Si vous vous savez que les autres écoutent, vous devez prendre une pause et réfléchir à ce que vous direz avant d'entreprendre ce type de conversations », précise-t-il. « Regardez-vous dans le miroir et assurez-vous d’être à l'aise avec la position que vous adoptez », dit-il. « Avoir confiance en vous vous permet de faire passer votre message. »
Se renseigner
« Bien que les médias sociaux comportent des risques, ils peuvent se révéler un excellent lieu de conversation », affirme Kelly Daynard. « De fait, les conversations peuvent commencer n’importe où : médias sociaux, clubs de lecture, groupes confessionnels ou épiceries. »
« On ne sait jamais quand on aura la chance de répondre à des questions. »
Les ressources suivantes vous aideront à répondre à des questions difficiles.
- La vérité au sujet de l’agriculture –
Publié par Farm and Food Care, ce dépliant complet couvre tous les secteurs agricoles et aborde des sujets complexes.
- Discours de Mark Lynas (en anglais seulement) - Mark Lynas est reconnu pour son changement de position sur la technologie des OGM, fondé sur des preuves scientifiques.
- CropLife Canada (en anglais seulement) - Le site de CropLife Canada contient une multitude de renseignements sur les sciences végétales, notamment son programme de conversations confidentielles, qui offre des conseils sur la façon de s’adresser à un public urbain.
- Speak Up! - Ce programme national aide les producteurs à partager leurs histoires de manière efficace et à organiser des visites de fermes afin de véhiculer une image positive à l'égard de l'agriculture moderne.