Introduction

Une dérive de pesticides peut survenir lorsqu’un traitement est effectué pendant un épisode d’inversion de température (aussi appelée inversion thermique), c’est-à-dire lorsqu’une masse d’air froid se forme à la surface du sol sous une masse d’air plus chaud. Bien que ce phénomène puisse se produire à tout moment de la journée, les inversions de température sont beaucoup plus communes en fin d’après-midi ou en début de soirée et elles persistent souvent jusqu’au lendemain matin. Une inversion de température crée un environnement propice à la dérive des petites gouttelettes de pulvérisation vers des zones non ciblées. Pour cette raison, il est interdit d’appliquer certains pesticides lors d’un épisode d’inversion thermique, tel que mentionné sur les étiquettes des produits concernés. Il est donc important que les opérateurs antiparasitaires sachent reconnaître la présence d’une inversion de thermique afin d’éviter toute éventuelle dérive de pesticides.

Les effets d’une inversion sur les gouttelettes de pulvérisation

Dans un champ, l’air est normalement plus chaud à la surface du sol et se refroidit avec l’altitude. Lors d’une inversion, l’air près du sol ou de la culture est plus froid qu’il l’est au-dessus de la culture1. Cela crée une couche d’air très stable qui prévient le mouvement vertical de l’air et qui fait en sorte que de minuscules gouttelettes peuvent demeurer en suspension dans l’air pendant plusieurs heures, souvent jusqu’en matinée. Les gouttelettes de pulvérisation très fines (≤ 200 microns) peuvent demeurer en suspension dans une couche d’inversion1. Elles peuvent alors être portées par des vents aussi faibles que 1,6 km/h hors de la zone ciblée où elles peuvent causer des dommages aux cultures sensibles ou à la végétation.1 Les opérateurs antiparasitaires ne doivent pas confondre la dérive d’herbicides pendant une inversion au mouvement des herbicides dû à la volatilisation, qui est le passage de gouttelettes liquides à l’état gazeux. Les gouttelettes de la pulvérisation de n’importe quel herbicide peuvent dériver vers des zones non ciblées pendant une inversion de température.

Comparaison entre des conditions normales et une inversion de température
Figure 1. Comparaison entre des conditions normales et une inversion de température.

Choisir le bon moment pour effectuer des traitements de pesticides

On pourrait croire qu’il est opportun d’effectuer des traitements de pesticides tôt le matin alors que le vent est faible (<5 km/h). Toutefois, des vents calmes et un ciel nocturne dégagé favorisent la formation d’une inversion de température, ce qui fait de ce moment la pire période de journée pour effectuer un traitement1. Par temps calme, une inversion persiste généralement plus d’une heure après le lever du soleil, selon les conditions à la surface. Un brouillard au sol et de l’eau condensée à la surface des feuilles sont de bons indicateurs de la présence d’une inversion. Les matins où le ciel est dégagé, il vaut mieux attendre que l’air en surface se réchauffe d’au moins 1,6 °C par rapport à la température minimum nocturne ou que le vent se mette à souffler un peu plus fort (>3 km/h) pour s’assurer que l’inversion s’est dissipée avant d’effectuer un traitement.

Une inversion de température peut commencer à se former en fin de journée lorsque les températures de l’air et du sol commencent à descendre. Les inversions qui se forment en soirée posent souvent un plus grand risque de dérive de pesticides que les inversions matinales puisqu’elles peuvent persister aussi longtemps que le ciel demeure dégagé. Une fois formée, une telle inversion continue de s’intensifier jusqu’après le lever du soleil. Des nuages ou le vent viendra à un moment ou un autre déstabiliser l’inversion. Les pires conditions de dérive de pesticides se produisent lorsqu’il y a à la fois une inversion et un faible vent; dans un tel cas, les particules de pulvérisations très fines peuvent être transportées sur de longues distances1.

En région montagneuse, le drainage de l’air froid dans les vallées protégées, les zones basses et les versants ombragés peut causer des inversions intenses. Les opérateurs antiparasitaires devraient être conscients du potentiel de formation d’inversion et du risque accru de dérive de pesticides dans ces zones1.

Reconnaître une inversion

Les opérateurs antiparasitaires peuvent confirmer la présence d’une inversion en mesurant la température de l’air à deux hauteurs : de 15 cm à 30 cm au-dessus de la surface à traiter (qui est le couvert végétal ou, si la culture n’est pas encore levée, le sol) et de 2,5 m à 3 m au-dessus de la surface à traiter. Il y a inversion si la température au niveau supérieur est plus élevée que celle au niveau inférieur. Plus l’écart de température est grand, plus l’inversion est intense et plus la basse atmosphère est stable1.

Il n’est pas toujours pratique de mesurer précisément la température près du sol et à 3 m au-dessus du couvert végétal. Les conditions suivantes indiquent qu’il est probable qu’une inversion se soit formée :2

  • Brume, brouillard, rosée ou givre
  • Poussières ou fumée en suspension dans l’air qui se déplacent latéralement au-dessus de la surface. Un opérateur antiparasitaire peut générer de la fumée pour vérifier s’il y a une inversion. De la fumée qui forme une couche se déplaçant latéralement dans un nuage concentré (par des faibles vents) indique qu’il y a inversion alors que de la fumée qui monte et qui se dissipe rapidement indique qu’il y a un bon mélange vertical de l’air.
  • Dispersion des cumulus en fin de journée
  • Vents constants de moins de 11 km/h en soirée et pendant la nuit
  • Brise fraîche à contrepente qui se développe en soirée ou pendant la nuit
  • Plus grande facilité à entendre les bruits distants
  • Odeurs distantes plus faciles à percevoir en soirée que pendant le jour

Pour de plus amples renseignements sur les règles d’application d’herbicides, communiquez avec votre représentant Bayer ou visitez https://traits.bayer.ca/fr/soybeans/roundup-ready-xtend-crop-system/application-requirements.