Pour Kim Keller, il n’était pas suffisant de savoir que le stress lié à la santé mentale exposait ses voisins des populations rurales et ses collègues de travail à un risque de maladie mentale, notamment à la dépression et à l’automutilation.


Seul au milieu de son champ, un cultivateur âgé réfléchit aux dures réalités du monde agricole.

Ainsi, l'hiver dernier, la céréalicultrice de la Saskatchewan a suivi un cours de secourisme de deux jours en santé mentale et a appris ce qu’il faut faire lorsqu’une personne a besoin de soutien.

Le directeur de Kim Keller a déclaré : « La santé mentale, c’est la santé tout court. Il serait impensable de dire à un agriculteur qui s’est cassé la jambe de se soigner lui-même. Il ne faut pas tomber dans le piège, qui est celui de croire que nous sommes en mesure de gérer nous-mêmes les problèmes de santé mentale. »

Malheureusement, la décision de Kim Keller d’appuyer activement la santé mentale des personnes travaillant dans le secteur agricole fait d’elle une exception.

Les recherches de l'Université de Guelph démontrent que 58 % des agriculteurs canadiens présentent des signes d’anxiété, 35 % se disent déprimés et 45 % éprouvent une forte anxiété.

Bien que les chiffres indiquent la nécessité d'agir, 40 % des agriculteurs participant à cette étude ont admis qu'ils ne demanderaient pas d'aide.

Marie Keller estime qu’un changement s’impose.

Observer. Écouter. Poser des questions.

« Chaque Canadien et Canadienne a la capacité d’apporter du soutien aux personnes qui en ont besoin », déclare Denise Waligora, spécialiste de la formation et de la prestation à la Commission de la santé mentale du Canada.

« La formation permet aux gens de perfectionner leurs compétences — et ce n’est pas compliqué. En tant que secouriste en santé mentale, vous devez d'abord converser avec les personnes qui vous sont chères. Il ne s'agit pas de résoudre un problème, mais de reconnaître que quelqu'un a besoin d'aide et de bien écouter ce qu'il a à vous dire. »

«  Si nous n’entamons pas cette conversation, nous risquons de passer à côté de quelqu'un qui a vraiment besoin de soutien. » - Denise Waligora

Reconnaître les signes

Parmi les signes indiquant la présence d’un trouble de santé mentale, mentionnons entre autres, une consommation d’alcool accrue, des changements dans l'appétit et les habitudes de sommeil et une nouvelle tendance à s’isoler. Un autre signal d’alarme à prendre au sérieux : des schémas de pensée déformés, exprimés par des sentiments d'inutilité, de tristesse ou de culpabilité.

Mme Waligora incite les gens à mettre de côté leurs hypothèses sur ce qui « pourrait » provoquer un changement de comportement. Il faut plutôt noter les comportements remarqués et demander à la personne comment elle va. Ici, la façon de s’exprimer est importante. Ne demandez pas à la personne ce qui ne va pas. Demandez-lui plutôt ce qui se passe, écoutez-la, puis offrez-lui de l’aide. « Si nous n’entamons pas cette conversation, nous risquons de passer à côté de quelqu'un qui a vraiment besoin de soutien », déclare Denise Waligora.

« L’aide n’implique pas nécessairement une intervention médicale ou professionnelle. » - Denise Waligora

Intervenir et appuyer

Les conversations sur la santé mentale ne sont pas simples. Puisqu'une personne en crise peut ne pas reconnaître le problème, les personnes soignantes doivent être prêtes à engager un dialogue sur la santé mentale à plusieurs reprises.

Le personnel soignant peut également demander de l'aide au nom de quelqu'un d'autre, explique John McFadyen, directeur exécutif de l'organisation qui gère la ligne téléphonique d’aide aux agriculteurs en Saskatchewan. Les services d’intervention d'urgence aident à évaluer la situation et constituent une excellente source d'informations sur les services de soutien offerts en matière de santé mentale dans votre communauté.

La plupart des personnes qui appellent se sentent mieux outillés pour ’affronter une situation après en avoir discuté avec un intervenant de crise qualifié. « L’aide n’implique pas nécessairement une intervention médicale ou professionnelle », explique M. McFadyen. « Lorsqu'un soutien plus important est nécessaire, l'accès aux lignes d’écoute téléphonique et à des services de soutien locaux, comme les groupes de discussion hebdomadaires, peut se révéler un outil précieux en attendant de pouvoir consulter des professionnels, comme des psychologues et des psychiatres », ajoute Denise Waligora.

« Comme pour tout problème de santé, plus l'intervention est rapide, meilleurs seront les résultats », ajoute-t-elle.


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Ligne d’écoute téléphonique