L'ergot (Claviceps purpurea) est une maladie fongique qui infecte les petites céréales et les mauvaises herbes graminées. Le symptôme le plus évident de l'infection par le champignon de l'ergot est la présence de sclérotes (ou ergots) qui prennent la place de certains grains dans l'épillet pendant le remplissage des grains (figure 1). Il est rare qu’une épidémie d'ergot entraîne une perte de rendement; cependant, les sclérotes sont toxiques pour les humains et les animaux et peuvent être difficiles à séparer du grain récolté. Même de faibles taux de contamination dans le grain peuvent être à l'origine d'un déclassement, entraînant une réduction du revenu tiré de la récolte.
Figure 1. Sclérotes d’ergot remplaçant des grains dans un épi.
Identification et biologie
Les sclérotes sont des corps durs, de couleur pourpre foncé à noire et de forme irrégulière. L'infection peut s’attaquer à plusieurs fleurs sur un épi et produire autant de sclérotes. Les sclérotes se développent au fur et à mesure que les grains se remplissent et sont facilement reconnaissables lorsqu’ils commencent à dépasser de l'épillet 1.
De taille variable, les sclérotes peuvent être jusqu'à 10 fois plus gros que les grains qu’ils remplacent chez la plante hôte1. Les infections par l'ergot chez les plantes à gros grains ont le potentiel de produire des sclérotes beaucoup plus gros que ceux qu’on trouve sur les graminées à petits grains. Plus le sclérote est gros, plus il peut produire de fructifications2. Les sclérotes de taille similaire à celle du grain de la plante hôte sont difficiles à séparer de la récolte (figure 2).
Figure 2. Contamination du grain récolté par des sclérotes.
Hôtes de la maladie
L'ergot peut infecter les petites céréales, notamment le seigle, le blé, le blé d'hiver, le blé dur, l'orge et d'autres cultures de graminées3. Le seigle et les graminées à pollinisation libre sont les plus sensibles à l'ergot, tandis que l'avoine l'est moins que les autres cultures céréalières1. L'ergot peut également infecter les mauvaises herbes graminées comme le chiendent et le brome. Les graminées qui poussent à proximité des champs de céréales peuvent héberger la maladie, ce qui permet à l'infection par l'ergot de se propager dans la culture. C’est pourquoi la maladie est parfois plus grave en bordure de champ. Les plantes à feuilles larges ne sont pas sensibles à l'ergot et peuvent être utilisées en rotation comme cultures non hôtes3.
Conditions environnementales
Les plantes sont sensibles à l'infection pendant la floraison. Les conditions humides et les températures de 15 à 26 °C3 sont propices au développement de la maladie, bien que l’infection soit possible même dans des conditions sèches2. Une période de floraison prolongée donne plus de temps à l'infection pour s’installer. Les différentes espèces végétales présentent une floraison plus ou moins longue. Le temps frais et humide pendant la floraison peut aussi prolonger la période de floraison.
Cycle épidémique de la maladie
1. Conservation hivernale : Les sclérotes d’ergot passent l’hiver au sol ou près de la surface. L’état de dormance est déclenché à la suite d’une période de froid.
2. Germination : Les conditions d’humidité du printemps favorisent la germination des sclérotes d’ergot. Le temps sec ralentit ce processus, mais la germination reprend au retour de l’humidité. Les sclérotes peuvent germer sous la surface du sol et s’allonger de 2,5 à 5 cm (1 à 2 po) pour rejoindre la lumière2.
3. Libération des spores : Après la germination, des ascospores sont libérées, puis transportées par le vent. Ce stade du développement de la maladie est favorisé par l’humidité du sol, et il ralentit quand le sol sèche; cependant, la libération de spores peut reprendre avec le retour de conditions humides.
4. Infection primaire : L'organe sensible à l'infection est l'ovaire. Par conséquent, les graminées ne sont vulnérables que pendant la floraison. L'infection primaire se produit lorsque les stigmates des graminées ou des cultures en fleurs piègent des ascospores de l'ergot. L'ergot colonise l'ovaire en produisant des conidies. Le miellat de l'ergot (figure 3) vient du mélange de conidies avec la sève végétale qui s'écoule du site d'infection.
Figure 3. Miellat s’écoulant du site d’infection.
5. Infection secondaire : L'infection secondaire se produit lorsque des conidies sont disséminées à d'autres fleurs non fécondées par le vent, la pluie, les insectes pollinisateurs, les humains, les animaux ou les équipements en mouvement. L'infection propagée par les conidies ne nécessite pas d'humidité et peut se produire dans des conditions sèches.
6. Formation des sclérotes : Que l'infection ait été causée par des ascospores ou des conidies, les sclérotes commencent à se former sur le site de l'infection (l'ovaire)2. Plus la période de floraison est longue, plus les risques d'infection par l'ergot sont importants. Le temps frais et humide allonge la période de floraison, ce qui favorise l'infection par l'ergot.
7. Enfin, les ergots tombent au sol, et le cycle recommence. Les ergots peuvent généralement survivre dans le sol pendant un an1.
Classement du grain
L'ergot est toxique pour les animaux et les humains et peut entraîner le déclassement du grain au point de vente. Beaucoup de sclérotes sont de taille et de forme semblables à celles du grain, ce qui les rend difficiles à extraire de la récolte. Pour y parvenir, on peut utiliser une table densimétrique (qui permet un triage selon la densité) ou une trieuse de couleur3.
Tableau 1. Tolérances de classement applicables à l’ergot dans les principales cultures céréalières. |
Culture |
Tolérance pour l’ergot |
Orge (variable en fonction de l’usage final) |
0,02 – 0,05% |
Blé dur |
0,02% |
Avoine |
0,00% |
Seigle |
0,05% |
Triticale |
0,025% |
Blé |
0,04% |
Autre : Blé à des fins spéciales, Ouest canadien (CWSP), blé fourrager, Est canadien (CEFD) |
0,1% |
Source : Adapté de Guide du classement des grains, Commission canadienne des grains4. |
Principales considérations dans la lutte contre la maladie
Planification
-
Utiliser de la semence exempte d’ergot peut aider à réduire le risque d’introduction de la maladie dans un champ sans antécédents d’ergot1.
-
Choix du cultivar. Certaines cultures et certains cultivars peuvent être moins sensibles à l'infection par l'ergot que d'autres1. Le seigle est plus sensible que les autres cultures céréalières. Certains cultivars de seigle seraient moins sensibles à l'ergot que d'autres.
Pendant la saison de croissance
- Intervenir sur la durée de la période de floraison avec des peuplements uniformes en appliquant les pratiques de gestion exemplaires pour une bonne germination, en assurant une profondeur de semis constante et en utilisant un programme de fertilisation équilibré. Dans les sols pauvres en cuivre, l'ajout de cuivre peut également aider à combattre l'ergot1.
- Faucher ou détruire les herbes dans les fossés autour du champ avant la floraison des graminées afin de réduire le risque que les herbes sauvages produisent des spores de conidies ou des sclérotes d'ergot1.
- Un fongicide foliaire tel que ProsaroMD PRO peut contribuer à retarder le développement (réprimer) de l’ergot dans le blé (de printemps, d’automne, dur), le triticale (de printemps et d’automne), l’orge et l’avoine.
- La période d’application est la même que pour retarder le développement de la fusariose de l’épi, soit :
- Blé, triticale : entre la sortie complète d’au moins 75 % des épis de la tige principale et la floraison de 50 % des épis de la tige principale; période optimale : à la sortie des premières fleurs sur les épis principaux.
- Orge : entre la sortie complète d’au moins 70 % à 100 % des épis et 3 jours après la sortie complète des épis.
- Avoine : entre la sortie complète d’au moins 75 % des panicules de la tige principale et la floraison de 50 % des panicules de la tige principale
À la récolte
- Récolter séparément les tournières peut aider à augmenter la qualité de l’ensemble du grain, car l'infection peut commencer près des tournières, c’est-à-dire à proximité des herbes sauvages1.
- Nettoyer le grain à l’aide d’une table densimétrique ou d’une trieuse de couleur peut aider à éviter le déclassement du grain1, 3.
Après la récolte
- La rotation vers une culture à feuilles larges peut contribuer à réduire la pression d’infestation sur les prochaines cultures céréalières dans ce champ3.
- Un travail du sol permettant d’enfouir les sclérotes à une profondeur d'au moins 2,5 cm (1 po) effectué après la récolte d’une culture infectée par l’ergot peut diminuer la quantité de spores libérées et rompre le cycle de la maladie3.
Sources
1 Saskatchewan. Ergot of cereals and grasses.
https://www.saskatchewan.ca/business/agriculture-natural-resources-and-industry/agribusiness-farmers-and-ranchers/crops-and-irrigation/disease/ergot-of-cereals-and-grasses
2 Alderman, S. 2006. Ergot: Biology and Control. USDA-ARS National Forage Seed Production Research Center.
3 Friskop, A., Endres, G., Hoppe, K., Mostrom, M., Ransom, J., Stokka, G. Ergot in small grains PP1904. 2018. North Dakota State University Extension
https://www.ag.ndsu.edu/publications/crops/ergot-in-small-grains
4Commission canadienne des grains. Guide officiel du classement des grains. ISSN 1704-5118.
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VEUILLEZ TOUJOURS LIRE ET SUIVRE LES DIRECTIVES DES ÉTIQUETTES DES PESTICIDES. La performance peut varier d'un endroit à l'autre et d'une année à l'autre, compte tenu des variations locales dans les conditions de croissance, de sol et de climat. Si possible, les producteurs devraient évaluer les résultats de plusieurs sites et années et devraient tenir compte des conséquences de ces conditions sur leurs champs.
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