Maladies des plantules

Les pourritures des semences, la fonte des semis et la pourriture commune des racines font partie des maladies des plantules de céréales dans l'Ouest canadien, un complexe causé principalement par Cochliobolus sativus (C. sativus) et plusieurs espèces de Fusarium. Ces agents pathogènes peuvent être transmis par les semences et par le sol. Les semences s'infectent lorsque les spores libérées par des tissus ou résidus végétaux contaminés se déposent sur les épis en développement et infectent les structures. Souvent, les semences fortement contaminées germent moins bien, sont moins vigoureuses et sont plus sensibles à la pourriture des semences. Il n'est pas rare que l'infection passe de la semence à la plantule, provoquant des lésions ou une nécrose au niveau des racines et du coléoptile en croissance, ce qui peut entraîner la mort de la plantule avant son émergence ou peu après. Les infections causées par les spores ou les mycéliums présents dans le sol et provenant des résidus végétaux peuvent provoquer des symptômes similaires. Les symptômes au-dessus du sol sont souvent indéfinissables et peuvent inclure un rabougrissement, une chlorose, un tallage réduit, un retard de développement des épis et une maturation prématurée. L'impact de ces maladies peut être exacerbé lorsque des conditions chaudes et sèches persistent pendant la floraison et le remplissage des grains. Les pertes de rendement sont variables, mais des chutes pouvant atteindre 17 % ont été signalées.

Cochliobolus sativus n'infecte que les céréales et est le plus souvent associé à la pourriture commune des racines, une maladie qui peut être diagnostiquée par la présence de lésions distinctes, brun foncé, sur les racines et, en particulier, sur l'entrenœud subcoronal. La plupart des espèces de Fusarium sont capables d'infecter plusieurs espèces hôtes, notamment les céréales, les oléagineux et le canola. Les premiers symptômes sur les racines peuvent prendre la forme d'une décoloration brun rougeâtre sans marge distincte, et des fissures peuvent apparaître le long des racines principales.

Les pourritures des racines causées par Fusarium ainsi que la fusariose sont souvent provoquées par les mêmes agents pathogènes, mais sont associées à des stades différents du cycle de la même maladie. Bien que Fusarium graminearum (F. graminearum) soit le plus souvent associé à la fusariose, ce n'est pas la seule espèce de Fusarium qui infecte les grains et qui nuit à la performance des semences. Il est donc important, quand on examine un résultat de test de dépistage, de tenir compte de la quantité totale de Fusarium présente dans la semence, quelle que soit l'espèce, pour évaluer le risque associé à cette semence. Les conditions environnementales favorables à l'agent pathogène varient grandement selon les espèces, mais la gravité de la maladie tend à augmenter avec les cycles intermittents d'humidité et de sécheresse. Les mesures de gestion comprennent :

  • Gestion des éléments nutritifs - Fertiliser correctement et éviter l'excès d'azote1.
  • Positionnement des semences - Éviter de semer trop profondément1.
  • Test des semences - Un test de germination peut être utilisé avec une analyse fongique pour déterminer la qualité des semences. Il y a de nombreuses raisons qui peuvent expliquer une faible germination. Cependant, si l'infection par C. sativus, les espèces de Fusarium ou une combinaison de ceux-ci est élevée et que la germination est faible, ces agents pathogènes peuvent être à l'origine du problème. Dans ce cas, les traitements de semences peuvent aider à augmenter le taux de germination.
  • Traitement de semences - L'utilisation d'un traitement de semences peut aider à protéger les plantules contre les agents pathogènes transmis par les semences et par le sol.
Plantules infectées par C. sativus et présentant des lésions caractéristiques sur l'entrenœud subcoronal.
Figure 1. Plantules infectées par C. sativus et présentant des lésions caractéristiques sur l'entrenœud subcoronal.

Les différentes espèces de Pythium provoquent également la pourriture des semences et des racines. Le piétin brun ou fonte des semis est une maladie transmise par le sol qui cause davantage de dommages dans les sols froids et humides. Les plantules peuvent présenter des taches chlorotiques ou pourpres typiques de certaines carences en nutriments, et les extrémités des racines ainsi que les racines latérales peuvent sembler avoir été sectionnées ou avoir disparues. Il n'est pas rare de constater un rabougrissement généralisé de la culture en cours de développement. Les symptômes seront plus évidents dans les dépressions de terrain où l'humidité s'accumule. Les mesures de gestion comprennent le drainage du sol, une fertilisation adéquate en phosphore et l'utilisation d'un traitement de semences2.

Les rayures bactériennes et glumes noires causées par Xanthomonas translucens pv. undulosa apparaissent sporadiquement, quoique de plus en plus souvent dans l'Ouest canadien. Cette bactérie est principalement transmise par les semences, mais elle peut passer l'hiver dans les résidus de culture. Les traitements de semences et les fongicides foliaires ne permettent pas de combattre cette maladie, et aucun test commercial n'est encore disponible pour identifier les lots de semences infectés. La sensibilisation est essentielle pour prévenir la propagation de cette maladie qui peut se transmettre par contact avec des personnes ou du matériel contaminés ou par l'utilisation de semences infectées. Les symptômes apparaissent sur les feuilles sous forme de taches ou de rayures aqueuses et vert pâle qui deviennent jaunes et nécrotiques. Un écoulement jaunâtre de la feuille, typique d'une infection bactérienne, est un signe caractéristique, le cas échéant. Les épis des cultures céréalières peuvent également être infectés par cet agent pathogène, bien que les symptômes apparaissent sur les glumes sous forme de lignes sombres et qu'une infection grave puisse noircir complètement les glumes3.

Le charbon est une maladie préoccupante pour toutes les céréales, mais surtout pour l'orge. De tous les types de charbon, le charbon nu est le plus problématique, car il pénètre à l'intérieur de la semence, dans l'embryon, plutôt que de demeurer à sa surface. Lorsque la semence germe, l'agent pathogène s'active, colonisant les tissus de la plante en développement au fur et à mesure de sa croissance. Si l'agent pathogène parvient à suivre le rythme de croissance de l'extrémité de la plante, il envahit et remplace les structures des grains dans les épis. Les conditions qui ralentissent la croissance de la plante, comme les périodes prolongées de temps frais, augmentent le risque que le charbon remplace les structures des épis. La lutte contre le charbon passe par la sélection de variétés résistantes, l'utilisation de lots de semences exempts de la maladie et l'application d'un traitement de semences à base d'un fongicide systémique4.

Insectes

Les vers fil-de-fer et les ver-gris sont au nombre des ravageurs souterrains et de surface qui s'attaquent aux plantules de céréales.

Vers fil-de-fer

Vers fil-de-fer
Figure 2. Vers fil-de-fer
Crédit photographique : John Gavloski, Agriculture et Développement des ressources Manitoba.

La densité de vers fil-de-fer peut varier considérablement d'un champ à l'autre. On les trouve généralement dans les sols limoneux, de texture moyenne et bien drainés, mais ils ne sont pas confinés à ces types de sol5. Les vers fil-de-fer se nourrissent de graminées et peuvent donc créer beaucoup d'ennuis dans les prairies vivaces qui ont été récemment labourées pour y semer une culture annuelle. Les populations de vers fil-de-fer peuvent également s'accumuler dans les sols qui ont été ensemencés en cultures annuelles pendant plusieurs années6. Les dommages causés aux racines et aux semences par les vers fil-de-fer peuvent se manifester par l'apparition de zones dénudées dans le champ ou par une diminution de la densité du peuplement. Le dépistage se fait en mesurant la densité de peuplement dans l'ensemble du champ, puis en comparant le résultat au peuplement visé. Si vous observez des zones dénudées, creusez la terre autour de ces zones et tamisez le sol pour trouver les vers fil-de-fer. On peut aussi utiliser des boules d'appât pour confirmer la présence des vers fil-de-fer7. Dans le cas où le ravageur est observé, il peut s'avérer nécessaire d'employer des mesures de lutte.

Voici certaines mesures recommandées :

  • Établissement de la culture – Semer près de la surface dans un sol chaud et humide peut aider la culture à démarrer rapidement, de sorte que les dommages causés par les vers fil-de-fer auront des conséquences moins graves.
  • Traitement de semences – Un traitement de semences insecticide tel que le traitement de semences RaxilMD PRO Shield peut aider à protéger la culture des dommages causés par les vers fil-de-fer.

Ver-gris

Il est important de se méfier des ver-gris au début de la saison. La légionnaire, le ver-gris moissonneur, le ver-gris terne, le ver-gris à dos rouge et le ver-gris panaché peuvent nuire aux cultures céréalières dans les Prairies. De plus, la légionnaire grise et le ver-gris orthogonal préfèrent les conditions arides du Sud de l'Alberta et de la Saskatchewan. Le ver-gris noir préfère les conditions humides du Manitoba8. En cas d'épidémie, les vers-gris peuvent dévaster les cultures. Les épidémies peuvent être localisées ou couvrir une grande superficie sur plusieurs années. Contrairement aux vers fil-de-fer, les ver-gris s'attaquent principalement aux tiges et aux feuilles des cultures céréalières. L'activité soutenue des ver-gris peut se traduire par l'apparition de zones dénudées. Pour savoir quel type de ravageur est à l'œuvre, il est préférable de creuser autour des plants endommagés et de trouver le responsable des dommages. Les pattes constituent la principale différence entre les ver-gris et les vers fil-de-fer, c'est-à-dire que les deux ont trois paires de pattes derrière la tête, mais le ver-gris possède en plus cinq paires de fausses pattes sur l'abdomen7.

Ver-gris portant des fausses-pattes sur l'abdomen.
Figure 3. Ver-gris portant des fausses-pattes sur l'abdomen.
Crédit photographique : John Gavloski, Agriculture et Développement des ressources Manitoba.

Voici certaines mesures recommandées :

  • Lutte biologique – Les ver-gris ont des prédateurs naturels dans l'Ouest canadien. Conserver les bordures de champ dans leur état naturel au profit de ces insectes prédateurs peut contribuer à prévenir les infestations. Utilisez les insecticides avec précaution et seulement si nécessaire, afin d'éviter de tuer les insectes bénéfiques.
  • Lutte chimique – Quand la quantité de petits ver-gris atteint le seuil économique, il peut être justifié d'appliquer un insecticide. Si possible, ne traitez que les zones touchées par pulvérisation localisée. Il peut être préférable de pulvériser un insecticide contre les ver- gris le soir, car ils se nourrissent normalement la nuit8. En cas d'infestation connue, il peut être utile d'utiliser un traitement de semences insecticide homologué contre les ver-gris.