Conséquences de la maladie

La pourriture à sclérotes (ou sclérotiniose) est une maladie du soya causée par le champignon Sclerotinia sclerotiorum. Elle peut entraîner une importante perte de rentabilité. En 2017, la perte de rendement estimée attribuable à la pourriture à sclérotes du soya en Ontario était de 95,8 tonnes (3,5 millions de boisseaux)1. La perte observée aux États-Unis durant la même année a été estimée à 1562 tonnes (57,5 millions de boisseaux)1. Par ailleurs, on estime qu’une réduction du rendement de 134,5 à 336,3 kg/hectare (de 2 à 5 boisseaux/acre) peut survenir pour chaque augmentation de 10 % du taux d’incidence de la maladie2.

Gros plan des gousses et des tiges de soja présentant des taches blanches de maladie.

Figure 1. Croissance blanche et cotonneuse caractéristique de la pourriture à sclérotes sur des tiges de soya.

Champ de soja vert avec tiges et gousses infectées au centre.

Figure 2. L’infection initiale par la pourriture à sclérotes se manifeste par un flétrissement des feuilles et des plants.

Tige de plante de soja avec des gousses de soja de chaque côté. La tige et les gousses deviennent noires avec des sclérotes durs.

Figure 3. Petits sclérotes noirs et durs causés par la pourriture à sclérotes.

Symptômes et identification

Les premiers symptômes se manifestent sous la forme d’un blanchiment des tiges (figure 1). Il faut regarder sous le couvert végétal pour détecter ce symptôme. À mesure que la maladie progresse, on peut observer l’apparition caractéristique d’une croissance mycélienne blanche, duveteuse et cotonneuse sur la couche externe de la tige et des gousses (figure 1). Cette progression s’accompagne également d’un flétrissement des feuilles, qui prennent une teinte gris-vert (figure 2), et mène à la mort des plants. On peut trouver de petites masses noires et dures (sclérotes) ressemblant à des excréments de souris ou de rat à l’intérieur ou à l’extérieur des tissus infectés (figure 3).

Cycle de la maladie

Comme pour toutes les maladies touchant les cultures, le triangle de la maladie joue un rôle dans la pourriture à sclérotes. L’agent pathogène doit être présent pour infecter un hôte sensible et les conditions de croissance doivent être favorables pour contribuer au développement de l’agent pathogène3. De plus, la synchronisation de ces trois facteurs est cruciale, puisque les fleurs (présentes du stade R1 au stade R3) sont le premier tissu touché par l’infection. Dans les champs infectés, les sclérotes durs survivent à l’hiver et germent au printemps pour former des organes de fructification (apothécies ou champignons) qui commencent à libérer des spores lorsqu’ils parviennent à maturité (figure 4). Les spores sont éjectées de force des apothécies et atterrissent sur des fleurs ou d’autres tissus, comme les tiges inférieures sénescentes. En présence de conditions de croissance fraîches (entre 12 et 24 °C) et humides à l’intérieur et au-dessous du couvert végétal, les spores peuvent infecter les plants et causer l’apparition de la maladie. D’autres espèces fongiques qui produisent des champignons peuvent être confondues avec les apothécies causées par la pourriture à sclérotes. C’est le cas de la nidulaire, un organisme inoffensif qui contribue à décomposer les chaumes et autres résidus organiques4.

Gros plan du champignon apothécie de moisissure blanche sur une pièce d'argent pour comparer la taille. Le champignon noir et brun est beaucoup plus petit que la pièce de monnaie.

Figure 4. Apothécie causée par la pourriture à sclérotes.

Considérations relatives à la maîtrise de la maladie

En cas d’infection, il n’y a pas grand-chose à faire pour atténuer la perte de rendement potentielle. Lorsqu’on pense au triangle de la maladie, les produits de soya ont une tolérance ou une résistance élevée limitée et la gestion de l’environnement n’est pas possible (à l’exception de la gestion de l’irrigation; il faudra peut-être la réduire).

La culture sans travail du sol permet aux sclérotes de demeurer à la surface du sol, où ils peuvent germer. Cependant, le nombre de sclérotes diminue généralement au fil du temps lorsqu’ils se trouvent sur la surface du sol. Comme les sclérotes peuvent survivre à l’ensevelissement dû au travail du sol, un labourage subséquent peut faire remonter les sclérotes à la surface, où ils peuvent germer5.

Les conditions de croissance en Ontario et au Québec peuvent favoriser l’apparition de la pourriture à sclérotes. Par conséquent, il faut éviter le semis continu d’autres cultures sensibles à cette maladie (canola, haricots comestibles, légumineuses, tournesols). Il faut également éviter les courtes périodes entre les rotations (par exemple dans une rotation de maïs et de soya), car les sclérotes longévifs peuvent continuer de s’accumuler dans le sol5. De nombreuses mauvaises herbes sont sensibles à la pourriture à sclérotes. Leur croissance doit donc être gérée de façon appropriée.

D’autres facteurs de maîtrise de la maladie peuvent être contrôlés, notamment le choix de produits de soya plus tolérants, la réduction du taux de semis et l’utilisation d’une largeur de rangs appropriée pour la culture du soya5. Les produits de soya présentent différents niveaux de tolérance à la pourriture à sclérotes. Un examen attentif des guides de semences peut aider à trouver des produits dotés d’une tolérance accrue. Une fermeture précoce du couvert végétal contribue à garder le sol humide, ce qui est propice à l’apparition de la pourriture à sclérotes. Par conséquent, la mise en place d’un environnement où la fermeture du couvert végétal est retardée par la réduction du taux de semis et l’utilisation de rangs plus larges peut freiner l’apparition de la pourriture à sclérotes.

Il faut éviter d’épandre du fumier et de l’azote dans les champs de soya qui ont déjà été infectés par cette maladie. Ces pratiques peuvent susciter la croissance précoce des plants et entraîner une fermeture plus rapide du couvert végétal, ce qui est favorable au développement de la maladie.

L’application opportune d’un fongicide indiqué contre la pourriture à sclérotes peut aider à prévenir son apparition. Comme la maladie infecte les plants en passant par les fleurs, il est essentiel d’appliquer le produit en question pendant la floraison. Les applications doivent avoir lieu au début de la floraison (stade de croissance R1). Il est possible de procéder à une application supplémentaire une à deux semaines plus tard, avant la croissance des gousses (stade de croissance R3). Pour être efficace, le fongicide doit pénétrer en profondeur dans le couvert végétal4.

L’application Sporecaster pour téléphone intelligent, conçue par l’Université du Wisconsin, peut aider à prédire la nécessité d’un fongicide et le moment de son application pour maîtriser la pourriture à sclérotes. Cette application se fonde sur des recherches universitaires afin de prévoir le risque lié à la présence d’apothécies causées par la pourriture à sclérotes dans un champ de soya. On peut utiliser ces renseignements pour cibler le moment de l’application d’un fongicide et la floraison du soya. L’application est offerte sur les plateformes Android et Apple6.

Le fongicide Delaro® 325 SC (deux modes d’action) offre une maîtrise d’un large spectre de maladies du soya, dont la suppression de la pourriture à sclérotes. Il doit être appliqué avant l’apparition de la maladie au stade de croissance R1, et une deuxième fois au stade de croissance R3, au besoin. Pour obtenir des renseignements précis sur la dose et le moment de l’application, veuillez visiter le site https://www. cropscience.bayer.ca/fr-ca/products/fungicides.aspx et communiquer avec votre détaillant.

En résumé, la mise en œuvre de certaines des pratiques mentionnées ci-dessus peut aider à réduire l’effet de la pourriture à sclérotes pendant la saison de croissance tout en contribuant à maximiser le potentiel de rendement des cultures de soya.