L’amarante tuberculée a été recensée en Ontario pour la première fois il y a 20 ans alors qu’au Québec et au Manitoba, elle est présente depuis seulement cinq et trois ans, respectivement2. Cette mauvaise herbe envahissante peut facilement être confondue avec d’autres espèces d’amarantes. L’amarante tuberculée pourrait devenir l’une des mauvaises herbes les plus problématiques au Canada et dans la Corn Belt des États-Unis. Elle peut facilement être introduite dans de nouvelles zones ou régions par des lots de semences contaminés, du foin, des véhicules et des équipements agricoles, l’eau et des animaux sauvages3. Une fois introduite, elle s’établit aisément dans les zones agricoles grâce à sa production phénoménale de graines, à la capacité de ses graines de demeurer longtemps dormantes avant de germer, à sa grande diversité génétique et à sa résistance aux herbicides. Actuellement, il existe des populations d’amarante tuberculée qui sont résistantes aux herbicides des groupes 2 (inhibiteurs de l’ALS), 5 (inhibiteurs de la photosynthèse), 9 (inhibiteurs de l’EPSP synthase) et 14 (inhibiteurs de la PPO) en Ontario et au Québec, ainsi que des populations résistantes aux groupes 2 et 9 au Manitoba4. Récemment, une population résistante aux herbicides du groupe 27 (inhibiteurs de la biosynthèse des caroténoïdes) a également été recensée au Québec5.

Biologie et identification6

L’amarante tuberculée est une mauvaise herbe à feuilles larges ayant des caractéristiques botaniques qui la rendent difficile à gérer.

  • L’amarante tuberculée peut germer tout au long de la saison de croissance. En levant à tout moment, elle peut éviter de nombreux herbicides de prélevée, ce qui lui permet de proliférer après l’application en postlevée d’herbicides non résiduels.
  • Un seul plant femelle peut produire jusqu’à 4,8 millions de graines dans un milieu non concurrentiel, la moyenne étant toutefois de 250 000 graines par plant.
  • L’amarante tuberculée est dioïque (c’est-à-dire qu’elle produire des plants mâles et des plants femelles), ce qui favorise une grande diversité génétique et qui lui permet de développer rapidement une résistance aux herbicides étant donné qu’elle dépend obligatoirement de la pollinisation croisée. La plupart des autres espèces d’amarante ne sont pas dioïques.
  • L’amarante tuberculée est extrêmement envahissante. Elle parvient à remplacer de nombreuses autres espèces de mauvaises herbes annuelles d’été à croissance vigoureuse. Elle peut croître de 2,5 cm à presque 4 cm par jour.
  • La concurrence extrême qu’elle exerce sur le soya lorsqu’elle est présente en grand nombre (plus de 200 plantes au mètre carré) tout au long de la saison peut réduire le rendement du soya de 44 %. Lorsque l’amarante tuberculée lève après l’établissement de la culture (lorsque le soya est au stade V5), la perte de rendement est de 10 %.
  • Comme les graines sont petites — elles mesurent environ 3 mm — elles peuvent facilement être propagées par l’équipement, les animaux et les excréments d’animaux. Les graines demeurent viables dans le sol pendant plusieurs années, quoique leur viabilité diminue considérablement après quatre ans.
  • L’amarante tuberculée est extrêmement difficile à identifier lorsque la plante est jeune. Il existe toutefois quelques différences notables entre elle et les autres espèces communes du même genre. Les cotylédons de l’amarante tuberculée ont souvent une forme plus ovoïde ou moins linéaire comparativement aux autres espèces d’amarantes. Aussi, les premières vraies feuilles de l’amarante tuberculée sont généralement plus élancées que celles des autres espèces d’amarantes. Les jeunes plants d’amarante tuberculée sont glabres (c’est-à-dire dépourvus de poils) et leurs feuilles sont cireuses ou lustrées (figure 1).
  • Les sites Web suivants (an anglais seulement) offrent d’autres informations utiles à l’identification de l’amarante tuberculée : https://extension.psu.edu/invasive-pigweeds-palmer-amaranth-and-waterhemp#section-10 et https://onvegetables.com/2020/04/14/waterhemp-a-spreading-invasive-weed-in-ontario-and-canada/.
Figure 1. A. Palmer amaranth female stem, B. Waterhemp, C. Green pigweed, D. Redroot pigweed, Image courtesy of C. Shropshire.
amaranth female stem

Gestion de l’amarante tuberculée7

  • Une culture de soya semée sur rangs étroits (38 cm) à un taux allant de 346 000 à 395 400 semences à l’hectare (de 140 000 à 160 000 semences à l’acre) pourra mieux concurrencer les mauvaises herbes.
  • Un travail du sol profond qui enterre les graines de mauvaises herbes à une profondeur qui prévient leur germination peut aider à réduire les populations de mauvaises herbes. Combiné avec l’usage d’herbicides résiduels, un travail du sol profond peut réduire de 97 % la levée des diverses espèces d’amarante, y compris l’amarante tuberculée. Toutefois, tout travail profond du sol comporte également des inconvénients.
  • L’ensemencement à l’automne de cultures de couverture, notamment de seigle, contribue à réduire le taux de levée de l’amarante tuberculée au printemps suivant.
  • L’inclusion de blé de printemps ou de blé d’hiver dans le cycle de rotation peut aider à gérer et à réduire les populations.
  • Les traitements d’herbicides résiduels appliqués à pleine dose (selon les directives de l’étiquette pour le type de sol et la teneur en matière organique du sol) soit avant ou après le semis peuvent aider à réduire les populations d’amarante tuberculée. Le recours aux herbicides de postlevée comme seul moyen de gestion favorise le développement de la résistance aux herbicides. L’emploi d’un herbicide efficace appliqué au sol comme ceux du groupe 15 peut aider à prévenir la levée hâtive de l’amarante tuberculée et réduire la concurrence en début de saison en retardant la levée jusqu’à ce que la culture soit plus développée et puisse mieux concurrencer les mauvaises herbes.
  • Ne pas effectuer de traitement herbicide à faible dose; utiliser la pleine dose pour retarder le plus longtemps possible la levée de l’amarante tuberculée.
  • Selon le profil de résistance aux herbicides des populations d’amarante tuberculée présentes, les herbicides résiduels appliqués au sol peuvent comprendre ceux des groupes 5, 15 et 27 pour le maïs, et ceux des groupes 5, 14 et 15 pour le soya.
  • Dans les cultures de soya Roundup Ready 2 XtendMD ou XtendFlexMD, l’utilisation de XtendiMaxMD avec la technologie VaporGripMD en mélange avec d’autres herbicides qui ne sont pas du groupe 4 peut aider à maîtriser les populations d’amarante tuberculée.
  • Il est important de dépister les champs après un traitement et de détruire à la main les plants qui ont échappé au traitement.
  • La stratégie la plus efficace pour réduire les populations d’amarantes tuberculées est d’intégrer des pratiques culturales et mécaniques au désherbage chimique.

 

Sources

1Costea, M., S. Weaver, and F. Tardif, 2005. The biology of invasive alien plants in Canada. 3. Amaranthus tuberculatus (Moq.) Sauer var. rudis (Sauer) Costea & Tardif. Can. J. Plant Sci. 85: 507-522. https://cdnsciencepub.com/.

2Jones, T. 2019. Waterhemp in Manitoba. Manitoba Pulse & Soybean Growers. https://www.manitobapulse.ca/2019/12/waterhemp-in-manitoba/

3USDA APHIS Weed Risk Assessment for Amarantus palmeri (Amaranthaceae) – Palmer’s amaranth. 2020. https://www.aphis.usda.gov/.

4Obeid, K. et. al. 2020. Waterhemp: A Spreading Invasive Weed in Ontario and Canada. ONvegetables. https://onvegetables.com/2020/04/14/waterhemp-a-spreading-invasive-weed-in-ontario-and-canada/.

5Bedard, D. 2020. Group 27 herbicide resistance arrives in Canada. Glacier Farm News. https://www.agcanada.com/daily/group-27-herbicide-resistance-arrives-in-canada

6Hartzler, R.G., B.A. Battles, and D. Nordby.2004. Effect of common Waterhemp (Amaranthus rudis) emergence date on growth and fecundity in soybean. Weed Science. 52L 242-245. https://www.cambridge.org/core/journals/weed-science.

7Bradley, K, and Bish, M. 2020. Waterhemp management in soybeans. https://weedscience.missouri.edu/.


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VEUILLEZ TOUJOURS LIRE ET SUIVRE LES DIRECTIVES DES ÉTIQUETTES DES PESTICIDES. La performance peut varier d’un endroit à l’autre et d’une année à l’autre, compte tenu des variations locales des conditions de croissance, de sol et de climat. Dans la mesure du possible, les producteurs devraient évaluer les résultats obtenus à plusieurs endroits et sur plusieurs années et devraient tenir compte des conditions dans leurs propres champs.

Il est illégal, en vertu de la réglementation fédérale, d’utiliser un pesticide d’une manière non conforme aux directives indiquées sur son étiquette. Les formulations de dicamba et de glyphosate NE SONT PAS TOUTES homologuées pour un traitement en postlevée dans les cultures de soya Roundup Ready 2 XtendMD. Les formulations de dicamba, de glyphosate et de glufosinate NE SONT PAS TOUTES homologuées pour un traitement en postlevée dans les cultures dotées de la technologie XtendFlexMD. UTILISER SEULEMENT LES FORMULATIONS QUI SONT HOMOLOGUÉES POUR DE TELS USAGES. Si vous avez des questions sur l’homologation des produits contenant du dicamba pour usage dans le soya Roundup Ready 2 XtendMD ou sur les produits dotés de la technologie XtendFlexMD, communiquez avec l’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire.

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