Analyse de sol, analyse de sol, analyse de sol!

Un programme de fertilisation pour le canola devrait tenir compte des rendements visés, des quatre « B » de la gestion responsable des éléments nutritifs (bon produit, bonne dose, bon moment, bon endroit) et de la teneur du sol en éléments nutritifs. Si des analyses de sol ne peuvent pas être effectuées à l’automne en raison d’un manque de temps ou de conditions défavorables, elles peuvent être effectuées au printemps. Les analyses effectuées au printemps donnent des résultats plus exacts que celles effectuées à l’automne, particulièrement si la saison de croissance précédente a été marquée par une sécheresse, comme ce fut le cas en 2021.

Azote (N) Seulement environ 50 % de la quantité d’azote détectée par une analyse de sol effectuée à l’automne est assimilable par la culture subséquente. La matière organique du sol libère de l’azote par minéralisation tout au long de la saison de croissance, un fait important à considérer dans son plan de fertilisation. Toutefois, le taux de minéralisation varie considérablement selon le type de sol et la teneur en eau du sol. De plus, la minéralisation s’effectue très lentement lorsque le sol est frais et saturé, comme c’est généralement le cas au printemps. Pour cette raison, il est recommandé d’épandre des engrais azotés en bandes, sous la surface du sol, et préférablement à une bonne profondeur, au printemps ou à la fin de l’automne pour assurer une bonne croissance en début de saison1,2. Si un épandage à la volée est la seule méthode d’application possible, il vaut mieux l’effectuer au printemps afin de minimiser les pertes et utiliser un inhibiteur d’uréase.

Phosphore (P) Suivre les recommandations fournies par le laboratoire d’analyse de sol. Lorsqu’une dose de phosphore élevée est nécessaire, il est plus sécuritaire pour la culture d’épandre l’engrais phosphoré en bandes au printemps que de l’épandre dans le sillon de semis, car l’engrais risque de brûler les plantules de canola1.

Soufre (S) Les analyses de sol sont importantes pour évaluer les réserves globales de soufre, mais la teneur en soufre du sol peut varier considérablement d’un endroit à l’autre, à l’intérieur d’un même champ; par conséquent, même si l’analyse révèle des réserves de soufre moyennes ou élevées, l’épandage d’un engrais sulfuré peut être nécessaire pour pallier toute éventuelle carence localisée.

Pour de plus précisions sur la fertilisation du canola, on peut consulter les articles suivants du Conseil canadien du canola : Canola Watch How much fertilizer does canola need? (en anglais seulement) et Choose the right placement for nitrogen and phosphorus fertilizer applications (en anglais seulement).

La gestion de la fertilité après une mauvaise saison de croissance

La grave sécheresse qui a sévi de juin à la fin juillet 2021 a décimé les cultures de canola, réduisant la récolte de 2021 de 40,2 % par rapport à celle de 2020, et ce, malgré la plus grande superficie ensemencée au printemps en raison de prévisions de prix optimistes3. Comme les rendements ont été faibles en 2021, il est possible que les sols contiennent de plus importantes réserves d’éléments nutritifs que prévu. La question qui se pose est donc la suivante : quelles quantités d’éléments nutritifs reste-t-il dans le sol?

Après une mauvaise année, une analyse de sol est particulièrement importante puisque les quantités d’éléments nutritifs extraites du sol par la culture peuvent diverger considérablement des valeurs normalement utilisées dans les modèles. Si des analyses de sol n’ont pas été effectuées à l’automne, envisager d’en effectuer au début du printemps. Comme les engrais épandus précédemment seront alors mieux distribués dans le sol, les résultats des analyses seront plus fiables, notamment après une année sèche.

Il est également possible d’estimer la quantité d’éléments nutritifs extraite par la culture en se basant sur le rendement de canola. Bien que cette méthode ne soit pas idéale, elle peut être utilisée pour estimer les quantités d’éléments nutritifs restantes en l’absence d’une analyse de sol. Une mise en garde s’impose toutefois étant donné que les quantités d’éléments nutritifs extraites varient selon la variété (par exemple, à doses d’engrais égales, les variétés hybrides très performantes ont un potentiel de rendement plus élevé que les variétés à pollinisation libre4), le climat, la région et le type de sol. Cette méthode ne tient pas compte des pertes attribuables à l’érosion, au lessivage, etc. Le tableau ci-dessous présente les quantités moyennes d’éléments nutritifs normalement extraites par une culture de canola dans l’Ouest du Canada. Les producteurs devraient utiliser les estimations propres à leur région et les rendements obtenus l’année dernière pour estimer les besoins d’engrais du canola.

Tableau 1. Quantités d’éléments nutritifs extraits par le canola2
Élément nutritif Extraction (lb/boisseau de graines récoltées)
N 2-3,5
P (P205 1,25-1,5
S 0,5-0,8

Il faut également garder à l’esprit que la culture précédente avait été fertilisée en fonction des besoins du canola. Les analyses de sol effectuées à l’automne montrent généralement des quantités d’éléments nutritifs résiduels différentes d’une année à l’autre selon la culture. Par exemple, la quantité d’azote résiduel dans le chaume de blé est plus élevée que dans le chaume d’orge5.

Comment puis-je diminuer mes coûts d’intrants et dans quels cas devrais-je utiliser une pleine dose d’engrais?

Une façon simple de diminuer l’utilisation d’engrais est de réduire les doses dans les parties moins productives du champ, comme sur les buttes et dans les baissières, c’est-à-dire là où le lessivage des éléments nutritifs et l’extraction par la culture étaient probablement plus faibles, particulièrement pendant une année chaude et sèche comme en 2021.

La stratégie contraire peut être utilisée dans les zones plus productives du champ. Comme les plantes vigoureuses et saines assimilent davantage d’éléments nutritifs, les producteurs peuvent choisir d’épandre des doses d’engrais plus fortes dans ces zones. En outre, les doses d’engrais moyennes utilisées au Canada ne sont probablement pas suffisantes pour répondre aux besoins des nouveaux hybrides de canola plus productifs. À la longue, des apports d’engrais inférieurs aux quantités nécessaires pour atteindre les cibles de rendement peuvent entraîner l’épuisement du sol.

Une autre stratégie consiste à atténuer les variations de fertilité dans le champ en réduisant les doses d’engrais dans les zones plus productives et en les augmentant dans les zones moins productives. Cela aire à uniformiser la croissance et la maturité de la culture afin de faciliter les traitements fongicides et la récolte.

Comment les technologies d’épandage à taux variable peuvent-elles améliorer l’efficacité d’utilisation de l’azote dans le canola?

Les technologies d’épandage à taux variable peuvent aider les agriculteurs à optimiser l’utilisation des engrais selon les variations de potentiel de rendement dans un même champ. La plateforme Climate FieldViewMC permet aux producteurs de canola d’établir différentes zones de gestion basées sur des cartes de production de la biomasse (appelées « couches de données » dans FieldViewMC). Les agriculteurs peuvent ensuite saisir manuellement une prescription d’engrais azoté qui répond aux besoins des différentes zones en fonction de leur objectif, que ce dernier soit la maximisation du rendement dans les zones plus productives ou l’atténuation des variations de fertilité dans le champ. Les producteurs peuvent obtenir de plus amples renseignements sur la manière dont FieldViewMC peut les aider à améliorer l’efficience de leur exploitation agricole en communiquant avec un représentant commercial.

Pour de plus amples renseignements sur la création manuelle de prescriptions dans FieldViewMC, veuillez visiter https://support.climate.com/kt#/kA04z000000sbW0CAI/fr_CA.