Les maladies des plantules en début de saison peuvent causer des problèmes de pourriture des tiges dans les champs de maïs. Les champs qui se sont développés dans des conditions humides au printemps présentent davantage de risques d’être infectés par diverses espèces de Fusarium. Ces infections peuvent se transformer en pourriture du collet et entraîner la verse des tiges.
Développement de la maladie et symptômes
Différentes espèces de Fusarium peuvent être mises en cause dans la pourriture du collet; cependant, le champignon parasite responsable de l’anthracnose (Colletotrichum graminicola) peut également être pointé du doigt. Les infections peuvent être observées aux stades plantules ou commencer à se manifester autour de l’apparition des soies et de la sortie des panicules. Les premiers symptômes visibles coïncident parfois avec la sénescence (rougissement) des feuilles inférieures, phénomène qui s’étend progressivement vers le sommet du plant (figure 1). Alors que les tissus à l’intérieur du collet et de la tige (la moelle) d’un plant sain devraient être blancs, ceux infectés par Fusarium prennent plutôt une couleur beige à brune. La décoloration dépend du degré d’infection. Dans les cas d’infections plus sévères, les tissus peuvent devenir brun foncé et pourrir complètement. Si vous observez des feuilles mortes, prenez le temps de fendre les tiges des plants touchés jusque sous la ligne du sol, dans la zone des racines, pour vérifier si le collet est pourri ou décoloré. Les infections graves perturbent la circulation de l’eau et des nutriments dans le xylème (tissu vasculaire) et peuvent provoquer un rabougrissement, un jaunissement des feuilles, un flétrissement et même la mort des plants. La cannibalisation survient quand les plants de maïs sont incapables de compléter le remplissage des épis sans remobiliser des éléments nutritifs et de l’énergie emmagasinés dans les feuilles inférieures et les tiges pour répondre à la demande des grains en développement. Ce phénomène peut se manifester par la désintégration et la décoloration de la moelle, donnant à la tige un aspect creux (figure 2). Les entre-nœuds des tiges gravement infectées sont facilement écrasés avec les doigts. On retrouve les plants morts (ou plants fantômes) regroupés en zones ou isolément disséminés dans le champ.
Figure 1. Pourriture de la tige causée par Fusarium.
Figure 2. Pourriture des racines coronales associée à un cas de pourriture du collet par Fusarium.
Le stress associé à la croissance dans un sol excessivement humide au printemps peut favoriser l’infection. Parmi les autres facteurs de stress, on compte les températures froides, le compactage du sol, les problèmes de fertilisation et les dommages causés par les herbicides. Certaines années, la combinaison d’un printemps humide suivi d’une longue période de temps sec peut rendre les plants sensibles à la pourriture du collet.
On confond parfois la pourriture des nœuds ou des tiges à Physoderma (Physoderma maydis), une maladie similaire, avec la pourriture du collet car les symptômes sont très semblables. Les plants infectés se développent normalement, sans effet visible sur la taille des épis ou des grains. En général, les pertes sont liées à la verse.
Pour plus d’information sur cette maladie, consultez l’article qui suit : https://www.cropscience.bayer.ca/fr/articles/2022/physoderma-brown-spot-and-stalk-rot-in-corn.
Difficultés à la récolte et impact sur le rendement
Bien que les infections conduisant à la pourriture du collet naissent de l’infection des plants plus tôt dans la saison, elles peuvent persister beaucoup plus longtemps, entraînant la pourriture des tiges et une possible perte de rendement.
La pourriture du collet qui évolue en une pourriture de la tige peut également mener à la verse. Au nombre des symptômes typiques de la pourriture de la tige causée par Fusarium, on note une décoloration rose blanchâtre à saumon des tissus aux nœuds, tandis que les plants infectés par l’anthracnose ont tendance à présenter des taches ou des stries noires lustrées à la surface extérieure de la tige (figure 3). Surveillez de près les champs pour programmer la récolte pendant que les tiges sont encore suffisamment solides. On peut évaluer la solidité des tiges à l’aide du test de poussée. Choisissez 10 plants au hasard à plusieurs endroits dans le champ et poussez sur chacune. Si un nombre important d’entre elles se brisent ou s’effondrent, le champ devrait être considéré prioritaire pour la récolte.
Figure 3. Tige atteinte d’anthracnose à la récolte.
Les champs marqués par beaucoup de verse doivent être récoltés tôt pour éviter que le problème ne s’aggrave. Bien que le coût du séchage soit une préoccupation avec la récolte de grain humide, cette dépense pourrait être préférable à la possible perte de rendement due à la verse. Le poids spécifique risque d’être moindre en raison de l’impact négatif de la pourriture du collet ou de la verse sur le transport des glucides vers les grains.
Lutte contre la maladie
Fusarium est un agent pathogène que l’on trouve couramment dans les résidus de culture et dans le sol. La résistance à la pourriture du collet causée par Fusarium n’est pas offerte dans les produits de maïs actuels, bien que les producteurs puissent observer l’infection à différents degrés chez divers produits cultivés dans le même champ. Des traitements de semences fongicides sont offerts contre Fusarium; cependant, l’effet ne dure pas assez longtemps pour protéger le maïs contre la pourriture du collet. Comme la pourriture du collet est associée à divers stress en plus de l’infection fongique, il est possible de contribuer à réduire les pertes dues à la maladie en identifiant et en atténuant les facteurs de stress. Par exemple, les plants rabougris en début de saison et dont le collet n’est pas complètement décoloré ni pourri peuvent bénéficier d’un travail du sol. En effet, remonter le sol autour du collet peut favoriser le développement des racines échasses et aider les plants à se rétablir. Utilisez des techniques permettant d’accélérer la décomposition des résidus, comme le hachage ou l’incorporation, pour aider à réduire la quantité d’agents pathogènes transmis par les tiges. Suivez les recommandations agronomiques concernant la densité de peuplement, car cela peut contribuer à réduire le stress associé aux populations élevées.