La cannibalisation des tiges est une cause commune de l’affaiblissement des plantes en fin de saison. Elle prédispose les plantes de maïs à la pourriture des tiges et à la verse (figure 1). La verse complique la récolte, ce qui peut entraîner une perte de rendement ainsi qu’un problème de maïs spontané l’année suivante.

Corn stalk lodging in the fall due to cannibalization and stalk rots.
Figure 1. Verse à l’automne attribuable à la cannibalisation et à la pourriture des tiges. (AEM Image Library 2019111103.jpg)

Verse physiologique

La verse physiologique est habituellement attribuable à l’interaction de facteurs météorologiques et agronomiques. La cannibalisation peut être le résultat de ces interactions à un moment où la plante priorise le remplissage des grains plutôt que toute autre fonction physiologique. Par le processus de cannibalisation, la plante remobilise les sucres contenus dans les tiges pour le remplissage des grains, ce qui affaiblit la tige en réduisant sa teneur en hydrates de carbone. Si le sol est appauvri à l’automne ou que les racines de la plante de maïs ne peuvent pas absorber suffisamment d’éléments nutritifs et d’eau lors du remplissage des grains, la plante commence à utiliser l’eau et les éléments nutritifs contenus dans sa tige pour assurer la maturation des grains. Une plante affaiblie est plus sensible aux infections fongiques et à la verse. La verse pathologique est causée par la présence de pourritures dans les tiges. Toutefois, la verse est plus souvent le résultat de la cannibalisation que de la pourriture des tiges1.

Conditions favorables à la cannibalisation des tiges

Les retards d’ensemencement dus au temps frais et pluvieux et à la saturation des sols au printemps sont souvent associés à un système racinaire peu profond2. La compaction du sol, l’activité des insectes et les dommages causés par les engrais ou les herbicides peuvent nuire à la croissance des racines. Si le système racinaire de la plante est sous développé racines et que la plante est exposée à une période de sécheresse pendant le remplissage des grains, la plante peut démobiliser les éléments nutritifs et l’eau de sa tige pour assurer le développement de ses grains. Les carences et les maladies foliaires peuvent réduire les tissus foliaires verts et la photosynthèse et provoquer la cannibalisation de la tige. Le maïs semé à densité élevée est plus vulnérable à la cannibalisation, à moins que la fertilité du sol ait été ajustée en fonction du potentiel de rendement plus élevé. Des conditions de sécheresse ou de longues périodes nuageuses pendant le remplissage des grains peuvent forcer la plante à cannibaliser sa tige pour soutenir la maturation des grains. Des vents forts et des pluies abondantes peuvent prématurément coucher les plantes de maïs dont les tiges sont affaiblies par cannibalisation avant que la culture ait atteint le point noir.

Diagnostic et gestion

Le degré de cannibalisation peut être évalué en coupant la tige longitudinalement pour inspecter la moelle. Les tiges affaiblies par la cannibalisation ont une moelle blanche qui a une consistance semblable à de la mousse de polystyrène3. Plus la cannibalisation a lieu dans le bas de la tige, plus la tige est affaiblie. Lorsque des agents pathogènes causant la pourriture des tiges sont présents, la moelle devient décolorée. Vous devriez aussi prêter attention aux épis retombants dont la hampe est repliée. Tout stress dû à une sécheresse tardive, combiné à la cannibalisation des hampes, est similaire à ce qui se passe lorsque la tige principale est cannibalisée. Si les épis de maïs n’ont pas encore atteint la maturité physiologique, l’affaissement de la hampe peut causer le mûrissement prématuré des grains, ce qui entraîne une perte de rendement. La cannibalisation et la pourriture des tiges n’entraînent pas toujours la verse des tiges, surtout si la culture touchée est récoltée sans tarder. La robustesse des tiges varie également selon l’hybride de maïs; toutefois, même un hybride connu pour la robustesse ses tiges et son excellente tenue peut être vulnérable à la verse si la récolte est retardée et qu’il est exposé à des vents forts et des pluies abondantes.

Le dépistage pour évaluer la santé générale des tiges devrait commencer tôt à l’automne4. Chaque champ devrait être évalué séparément puisque le degré de cannibalisation peut varier d’un champ à l’autre. Vous devriez porter une attention particulière aux champs qui ont été exposés à des conditions défavorables pendant la saison de croissance et qui, en plus, sont exposés à un stress hydrique pendant le remplissage des grains. Il existe deux techniques de dépistage pour évaluer les tiges affaiblies vulnérables à la verse : le test de la poussée et le test de la pincée. En marchant en zigzag dans le champ, poussez les tiges de 5 à 8 pouces (à un angle d’environ 45°) pour voir si les plantes se redressent, demeurent penchées ou cassent. Vous pouvez également serrer ou pincer les tiges à l’un des nœuds juste au-dessus des racines d’ancrage. Les tiges saines sont fermes et ne peuvent pas être comprimées. Les tiges molles sont vulnérables à la verse. Effectuez l’un ou l’autre de ces tests à plusieurs endroits dans le champ et testez au moins dix plantes à chaque endroit. Afin d’atténuer le risque de verse avant la récolte, il est recommandé de récolter en premier les champs où plus de 10 % des plantes montrent des signes de cannibalisation ou de pourriture des tiges5.

Les champs où le risque de verse est manifestement élevé devraient être récoltés avant la date prévue afin de minimiser le risque de verse avant la récolte et d’atténuer pertes de rendement attribuables à la récolte mécanique. Prenez en considération que le maïs érigé peut également être vulnérable à la verse, selon la robustesse des tiges. Par conséquent, il peut être difficile de décider le bon moment pour récolter le maïs couché et le maïs érigé. L’évaluation du pourcentage de plantes couchées ou penchées et de la teneur en eau des grains peut aider à déterminer l’ordre de récolte.