Le puceron du soya est un insecte nuisible du soya cultivé au Canada. Sans intervention, des populations importantes de pucerons peuvent infester les plantes et causer des dommages à la grandeur du champ, entraînant le ralentissement de la croissance et l’enroulement des feuilles. Il est nécessaire d’effectuer un dépistage régulier pour estimer les populations et déterminer si des traitements insecticides sont indiqués.

Biologie et cycle de vie du puceron du soya

Le puceron du soya est originaire de la Chine et du sud-est de l’Asie. Il a été détecté pour la première fois au Canada en 2001 dans des cultures de soya en Ontario et au Manitoba1,2. La sévérité des infestations varie d’une année à l’autre et, certaines années, cet insecte nuisible n’est pas présent. On croit que le puceron du soya ne survit pas à l’hiver dans de nombreuses régions du Canada en raison du temps froid et de l’absence de nerprun, une plante hôte, et qu’il migre plutôt vers les États-Unis pour passer l’hiver. Dans certaines régions de l’Est de l’Ontario, le puceron du soya hiberne sur le nerprun.

Le puceron du soya est un petit insecte à corps mou, en forme de poire, de couleur jaune ou vert (figure 1). Des cornicules noires sont présentes sur la partie postérieure de son dos. Les adultes peuvent être ailés ou aptères (non ailés) et se nourrissent de la sève des plantes à l’aide de ses pièces buccales de type piqueur-suceur.

À l’automne, le puceron du soya migre pour aller hiverner sur du nerprun, un arbrisseau qui lui sert d’hôte. La femelle pond des œufs sur le nerprun, desquels éclosent des femelles aptères au printemps. Ces femelles se reproduisent par parthénogenèse pour produire une progéniture ailée qui migrera vers le soya. Jusqu’à 18 générations de pucerons peuvent se développer sur le soya en une seule saison. Lorsque les conditions sont favorables, c’est-à-dire pendant les belles journées d’été pas trop caniculaires, les populations de pucerons peuvent doubler en quelques jours. Les parasites, agents pathogènes et autres ennemis naturels des pucerons contribuent à maintenir les populations à des niveaux acceptables lorsque les conditions sont favorables. Des individus ailés peuvent apparaître à tout moment sur le soya et ceux-ci peuvent facilement se déplacer ou être emportés par le vent et ainsi infester de nouveaux champs. Vers la fin de l’été, des femelles aptères produisent des femelles et des mâles ailés qui retourneront sur le nerprun à l’automne où ils se reproduiront sexuellement. Les femelles accouplées pondent des œufs qui passeront l’hiver en diapause sur le nerprun, puis le cycle recommence.

Dommages causés au soya

Les pucerons sont petits, mais ils sont extrêmement prolifiques et peuvent causer d’importants dommages au soya. Ils sucent la sève des plantes, ce qui peut causer le jaunissement et le flétrissement des feuilles. Ils transmettent également des virus, notamment le virus de la mosaïque du soya. De plus, ils sécrètent un miellat collant sur les feuilles du soya qui fournit un milieu idéal au développement de la fumagine, une moisissure noire. Au cours des premiers stades reproductifs du soya (R1 et R2), les dommages aux fleurs et aux gousses peuvent entraîner des pertes de rendement. Lorsque les infestations persistent jusqu’au remplissage des gousses (R3) et aux stades subséquents, la taille et la qualité des graines sont souvent réduites.

Pucerons du soya qui se nourrissent

Figure 1. Pucerons du soya qui se nourrissent.

Dépistage et seuil d’intervention

Le dépistage du puceron du soya devrait commencer tôt pour surveiller les populations. Commencez à dépister les pucerons plus intensément à partir des derniers stades végétatifs et continuez à dépister régulièrement au moins une fois par semaine, à compter du stade R1 jusqu’au stade R5. La présence de coccinelles (des insectes bénéfiques qui se nourrissent de pucerons) et de fourmis (lesquelles se nourrissent de miellat) sur le soya indique souvent une infestation de pucerons. Inspectez la surface inférieure des nouvelles feuilles tôt en saison. Plus la saison avance, plus les pucerons descendent sur la plante. Compte tenu du rythme de reproduction des pucerons, le seuil d’intervention peut être atteint rapidement, surtout par temps sec. Inspectez de 20 à 30 plants partout dans le champ et déterminez le nombre moyen de pucerons par plant. Les bordures de champ sont des zones qui sont plus à risque, ce qui peut entraîner une surestimation de la population si le dépistage est limité à cet endroit, de là l’importance d’inspecter toutes les zones du champ. Une intervention est justifiée lorsqu’il y a au moins 250 pucerons par plant, que la population est en croissance et que la culture est aux stades R1 à R51. Ce seuil d’intervention vous donne une période de sept jours pour intervenir avant que la population de pucerons dépasse le seuil où les dommages économiques seront supérieurs au coût d’un traitement. Envisagez d’inspecter les champs où le seuil d’intervention est atteint de trois à quatre jours plus tard pour déterminer si la population est en croissance ou si elle se maintient tout juste sous le seuil économique. Un traitement n’est pas nécessaire ou peut être reporté si la population décline grâce aux ennemis naturels ou en raison de conditions météorologiques défavorables aux pucerons. L’application Aphid Advisor (en anglais seulement) (www.aphidapp.com) permet de tenir compte des ennemis naturels dans la prise de décisions de gestion du puceron soya1,2.

Gestion

Plusieurs insecticides foliaires sont homologués pour contrôler les pucerons dans le soya. Les traitements devraient être réservés aux infestations où la population semble être en croissance puisque les insectes bénéfiques peuvent souvent empêcher que la population atteigne le seuil économique. En outre, comme des pucerons du soya résistants aux insecticides ont été détectés au Canada, il est d’autant plus important de recourir aux insecticides seulement lorsque cela est nécessaire afin de prévenir ou de ralentir la progression du développement de la résistance4.