Un gel en fin de saison peut réduire le rendement et la qualité des céréales et affaiblir la germination du grain. Tout gel qui survient avant la floraison ou pendant le stade laiteux peut nuire considérablement au potentiel de rendement alors qu’un gel survenant après le stade pâteux tardif entraîne généralement des pertes de rendement minimales. Bien que les producteurs soient à la merci des conditions météorologiques, certaines pratiques agronomiques peuvent les aider à gérer le risque d’exposition au gel et de détérioration du grain.

Moment du gel

L’effet du gel sur les cultures de céréales dépend du stade de croissance de la culture au moment où survient le gel. Le gel peut endommager la tige, les feuilles, les talles et les épis en développement.

Élongation de la tige à l’épiaison – Un gel pendant l’élongation de la tige peut endommager la tige, les feuilles ou l’épi en développement et tuer la première talle. Une tige affaiblie est plus sensible à la verse, à taller de nouveau et à produire des épis endommagés ou perdus.

Floraison – Un gel pendant la floraison peut causer la stérilité, entraînant une diminution du nombre de grains produits (grains manquants).

Stade laiteux – Un gel au stade laiteux peut causer une perte de poids des grains et une perte de grains, entraînant donc une perte de rendement.

Stade pâteux – Au début du stade pâteux, la culture peut tolérer un gel de -6 °C pendant environ une heure avant que les grains se ratatinent. Un gel à la fin du stade pâteux n’entraîne généralement que des pertes minimales.1,2

Dépistage

Surveiller les températures basses puisque le gel et d’autres sources de stress peuvent avoir des effets similaires. Attendre de sept à dix jours après un gel pour évaluer les effets sur la culture. Inspecter particulièrement les baissières où le gel est généralement plus sévère.

Si un gel se produit avant la floraison, vérifier si la tige est endommagée (brunissement ou texture rugueuse). Dérouler les feuilles, puis fendre la tige dans le sens de la longueur pour trouver l’épi. Vérifier si l’épi est décoloré, atrophié ou aqueux.

Si le gel survient après la floraison, vérifiez si les grains sont jaunis, atrophiés ou ridés. Plus tard, ces grains peuvent être bruns et ratatinés. À noter que la sévérité des dommages peut varier d’un grain à l’autre sur un même épi1.

Le gel peut également compromettre la germination du grain. Avant d’utiliser du grain qui a été exposé à un gel d’automne comme semence, faire analyser son taux de germination2.

Blé endommagé par le gel
Figure 1. Blé endommagé par le gel. Mary Burrows, Montana State University, Bugwood.org.

Gestion proactive

Toute pratique de gestion qui favorise la maturation normale du grain contribue à prévenir l’exposition à un gel d’automne.

Génétique – Certaines variétés sont plus tardives que d’autres. En Alberta, il peut y avoir jusqu’à quatre jours d’écart de maturité entre les différentes variétés (au sein de la classe de blé roux de printemps de l’Ouest canadien)3. Sélectionner une variété hâtive si le risque de gel est préoccupant.

Ensemencement – La date de semis, le taux de semis et la profondeur du semis ont une incidence sur la maturité.

  • Date de semis : Les cultures de céréales s’accommodent bien de températures faibles en début de saison lorsque le point de croissance est sous la surface du sol (jusqu’au stade 5 feuilles)4. Un semis hâtif peut aider à réduire le risque de dommages causés par un gel plus tard en saison.
  • Taux de semis : Un taux de semis adéquat contribue à réduire le nombre de talles et le nombre de jours pour atteindre la maturité (figure 2)5. Le taux de semis devrait prendre en considération le poids de la semence et le taux de germination pour obtenir la population cible, laquelle varie selon la culture et la région. Par exemple, les recommandations pour le blé de printemps au Manitoba sont de 23 à 28 plants/pi2 (de 250 à 300 plants/m2)5. En Ontario, le taux de semis recommandé pour le blé de printemps est de 28 à 37 plants/pi2 (de 300 à 400 plants/m2)6. Il est préférable de vérifier des sources locales pour connaître les taux de semis recommandés.
  • Profondeur du semis : Jusqu’à un certain point, les céréales peuvent être semées plus profondément afin que la semence soit en contact avec le sol humide. Éviter de semer les céréales de printemps à plus de trois pouces (7,5 cm). L’orge, qui est une exception, ne devrait jamais être semée à plus de 2 po (5 cm) de profondeur5. Plus la semence est profonde, plus elle prendra de temps à lever (figure 3)6,7. S’assurer de choisir une profondeur qui est parmi les valeurs recommandées pour la culture afin de profiter de la croissance en début de saison.
Un taux de semis très faible favorise le tallage
Figure 2. Un taux de semis très faible favorise le tallage. Le stade de croissance de cette plante varie de l’épiaison au remplissage du grain.
Zones où le blé est moins avancé en raison d’un semis plus profond que dans le reste du champ
Figure 3. Zones où le blé est moins avancé en raison d’un semis plus profond que dans le reste du champ.

Éléments nutritifs – Fertiliser adéquatement la culture. Une carence d’azote ou de phosphore peut ralentir la croissance; de même, une carence de zinc peut retarder la maturiation8.

Fongicides – Traiter la culture avec un fongicide qui protège les plantes sans les retarder. Certains fongicides ont un effet de verdissement qui améliore la santé du plant et retarde la maturation. Cet effet de verdissement est particulièrement notable suivant l’emploi de fongicides du groupe 119. Les carboxamides (composés appartenant au groupe 7) peuvent également entraîner le verdissement de la culture9.

Conditions environnementales qui retardent la maturité

Le temps frais et pluvieux peut ralentir la croissance, repoussant encore davantage la maturation des variétés tardives3. Les pluies en fin de saison peuvent faire reverdir une culture en favorisant la croissance de nouvelles talles10.

Gestion de la récolte

Si une culture de céréales a été exposée à un gel d’automne avant d’atteindre la maturité, certaines pratiques devraient être considérées.

Récolter au moment où la teneur en eau du grain est idéale. Une teneur en eau de 14,5 % convient à la récolte et à l’entreposage (pendant un an) du blé et de l’orge fourragère. L’orge brassicole est sèche lorsque sa teneur en eau est de 13,5 %, alors que l’avoine est sèche lorsque sa teneur en eau de 12 %. La récolte de ces céréales peut être entamée lorsque leur teneur en eau est de 18 à 20 % si le grain peut être séché adéquatement dans un séchoir à grain. L’orge mondé ne devrait pas être récolté tant que sa teneur en eau est supérieure à 13,5 % 5.

Gérer le risque de verse et de l’égrenage. Les cultures exposées à un gel sont plus sensibles à la verse et à l’égrenage. Surveiller les cultures exposées à un gel pour évaluer ce risque et planifier le moment de la récolte en conséquence. L’andainage peut être une solution de rechange lorsque le risque d’égrenage est élevé et que le grain n’est pas encore assez sec pour être battu. L’andainage peut être entamé lorsque la teneur en eau du grain de 30 % pour l’orge, et de 35 % pour le blé et l’avoine5. En cas de talles tardives, le risque de retarder la récolte de grains mûrs l’emporte souvent sur le potentiel de rendement des talles tardives; toutefois, si les talles contribuent considérablement au rendement et qu’elles ont juste quelques jours de retard, il peut être avantageux de retarder la récolte jusqu’à ce que les grains soient mûrs10.

Gérer le risque d’un déclassement additionnel. Le temps pluvieux après un gel peut entraîner un déclassement additionnel du grain causé par le mildiou ou l’échauffement du grain2.