Le stress dû à la chaleur diffère du stress dû à la sécheresse
Dans le maïs, les dommages dus à la chaleur sont généralement observés lorsqu’il y a également un stress hydrique. Il
est difficile de distinguer les effets de la sécheresse et de ceux de la chaleur extrême. Toutefois, il semble que la
chaleur seule nuit peu à la pollinisation si le sol est suffisamment humide1
Effets de la chaleur sur la libération du pollen
Une panicule peut disséminer du pollen pendant une semaine au cours de laquelle la libération de pollen connaît un pic
les deuxième et troisième journées2. Du temps très chaud et sec peut accélérer la dissémination du pollen. Chaque
panicule produit des millions de grains de pollen, ce qui permet une pollinisation adéquate dans la plupart des
conditions3. La production de pollen peut être réduite lorsqu’il y a plusieurs journées très chaudes d’affilée puisque
la chaleur extrême nuit à l’efficacité de la photosynthèse, réduisant ainsi la production de glucides4.
La libération du pollen des anthères, ou déhiscence, se produit lorsque l’humidité relative baisse au moment où la
température augmente4. Généralement, la libération du pollen commence au début ou au milieu de la matinée lorsqu’il fait
encore frais. Une seconde vague de pollen se produit parfois en fin d’après-midi par temps frais. La température et
l’humidité relative ont une incidence sur la déhiscence et peuvent réduire la dissémination du pollen lorsqu’il fait
plus de 30° C2. Les grains de pollen continuent de mûrir jusqu’à ce que toutes les anthères aient libéré leur pollen de
la panicule. Les grains de pollen ont une membrane externe mince et demeurent viables pendant une période allant de 18 à
24 heures lorsque les conditions sont favorables3. En période de chaleur extrême, leur viabilité peut être réduite à
seulement deux heures ou moins4. Lorsqu’il fait 37,8 °C ou plus, le stress thermique est si grand que les grains de
pollen peuvent se dessécher avant de parvenir à féconder un ovule2. La chaleur peut également réduire la viabilité des
grains de pollen avant même qu’ils soient libérés par les anthères4.
Figure 1. L’enroulement des feuilles est un signe de stress hydrique.
Effets de la chaleur sur la formation des soies
Un stress hydrique important, comme l’indique l’enroulement des feuilles, et le flétrissement du plant nuisent à la
pollinisation en prévenant l’élongation des soies. Les soies commencent à s’allonger à partir des ovules environ sept
jours avant qu’elles soient visibles à l’extérieur des enveloppes des épis3. Ce sont les ovules qui, une fois fécondés,
deviennent des grains. Les soies près du pédoncule commencent à s’allonger en premier, suivies de celles du milieu de
l’épi, puis de celles du bout de l’épi. Un stress hydrique au moment de la floraison et de la pollinisation retarde la
formation des soies, réduit l’élongation des soies et prévient le développement de l’embryon après la pollinisation.
Un stress hydrique peut causer le dessèchement des soies, ce qui les rend non réceptives au pollen et qui prévient la
fécondation. Les soies des ovules situées au bout de l’épi sont les dernières à sortir de l’enveloppe. Si les épis sont
plus longs qu’ils le sont normalement, il est possible que ces dernières soies sortent après la dissémination du
pollen3. En outre, si la plante continue de subir un stress hydrique important au début du développement des grains, les
embryons peuvent avorter, entraînant ainsi une production de grains incomplète (figure 2). Les grains avortés sont
ratatinés et principalement blancs; ils diffèrent donc des ovules non fécondés puisque leur développement était déjà
entamé.
Figure 2. Piètre production de grains due à la chaleur extrême et à la sécheresse.
Deux méthodes permettent de déterminer si la pollinisation est bien réussie5. La première consiste à enlever
soigneusement l’enveloppe de l’épi, puis à secouer l’épi délicatement. Les soies des ovules fécondés tombent lorsqu’on
secoue l’épi. La proportion des soies tombées représente la proportion des grains qui se développeront (figure 3). La
deuxième méthode consiste à attendre 10 jours après la fécondation des ovules, puis à inspecter les grains. Les grains
viables devraient ressembler à de petites ampoules visqueuses pendant le stade de croissance R2.
Figure 3. Pour vérifier la fécondation des ovules, il suffit d’enlever l’enveloppe de l’épi et de secouer l’épi. Les
soies des ovules qui ont été fécondés tombent lorsqu’on secoue l’épi tandis que les ovules qui n’ont pas encore été
fécondés retiennent leurs soies.
Résumé
La production de grains sur les épis peut être irrégulière lorsque la libération du pollen et l’élongation des soies ne
sont pas synchronisées. Cela est particulièrement commun en présence d’un stress hydrique et thermique. La chaleur ne
nuit généralement pas au succès de la pollinisation si la plante a suffisamment d’eau. Lorsque le taux de pollinisation
est faible mais qu’un certain nombre de grains se développent, la plante continuera à accumuler de la matière sèche et
pourra quand même être récoltée. Dans certaines régions, les cultures mal pollinisées peuvent être récoltées à des fins
d’ensilage. En cas de situation extrême où il y a un échec total de pollinisation, il est recommandé d’utiliser la
culture comme fourrage et d’effectuer la récolte le plus près possible du stade de floraison pour assurer la meilleure
qualité de fourrage.
Avis juridique
La performance peut varier d’un endroit à l’autre et d’une année à l’autre, compte tenu des variations locales dans les
conditions de croissance, de sol et de climat. Si possible, les producteurs devraient évaluer les résultats de plusieurs
sites et années et devraient tenir compte des conséquences de ces conditions sur leurs champs.
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