Éléments principaux
- La production de maïs en continu présente de nombreux défis; cependant, une gestion appropriée et des objectifs réalistes peuvent aider à réaliser le potentiel de rendement d’un système de production de maïs en continu.
- La gestion des ravageurs dans un contexte de production de maïs en continu exige l’adoption de stratégies de lutte différentes et plus soutenues que pour la production en rotation.
- Les produits de maïs qui se distinguent par un degré de résistance aux maladies plus élevé, des racines plus solides et d’autres caractéristiques pourraient être mieux adaptés à la production de maïs en continu.
Impact sur votre culture
La recherche a montré qu’il est plus difficile de maximiser le potentiel de rendement du maïs dans les systèmes de production en continu que dans les systèmes de rotation1. Dans une étude menée à l’Université de l’Illinois pendant six ans, une perte de rendement de 564 à 2 634 kg/ha (9 à 42 boisseaux/acre) a été enregistrée dans le maïs en continu par rapport au maïs récolté après du soya. Le rendement en maïs du système de production en continu a diminué d’année en année pendant la durée de cette étude. Cette baisse a été attribuée à de multiples facteurs, notamment la disponibilité de l’azote (N), l’accumulation des résidus de culture de maïs et les conditions météorologiques1.
Gestion
Les champs choisis pour produire du maïs en continu doivent présenter un bon drainage, une capacité de rétention d’eau élevée et une fertilité optimale, n’avoir aucun problème de compactage et n’être que peu attaqués par les insectes et les maladies1.
Résidus
Un maïs à haut rendement et en santé peut entraîner une augmentation de la quantité de résidus au sol, une situation qui risque d’entraver la levée, l’établissement des plantules, la tenue et même le potentiel de rendement de la culture suivante. L’accumulation de résidus de maïs peut réduire la température du sol, diminuer la disponibilité de l’azote, augmenter l’humidité du sol et favoriser la survie de certains insectes et maladies. Le succès de la production de maïs en continu repose en bonne partie sur une gestion appropriée des résidus à la récolte et au semis (figure 1). Pour les aider à surmonter les difficultés liées aux résidus, les producteurs peuvent devoir recourir à un travail intensif du sol ou à un travail en bandes afin de faciliter l’enfouissement et la destruction des résidus. Le recours à certains dispositifs intégrés à la moissonneuse-batteuse ou au broyage post-récolte peut aider à déchiqueter et à répartir les résidus de manière uniforme. La vitesse de décomposition des résidus est influencée par la température du sol, l’humidité, les populations de microorganismes et l’azote disponible pour favoriser la dégradation microbienne des résidus. Le travail en bandes et le nettoyage des rangs au semis peuvent favoriser un meilleur contact sol-semence et permettre aux sols de se réchauffer plus rapidement.
Figure 1. L’émergence du maïs est gênée par les résidus.
Fertilité
Un autre obstacle à la production continue de maïs est l’immobilisation du N (le N est fixé par des microorganismes pour décomposer les résidus de la précédente récolte de maïs) (figure 2).
Figure 2. Feuille de maïs présentant les signes d’une carence en azote.
Pour surmonter ce problème dans le maïs semé après une récolte de maïs, une dose de N plus élevée est souvent recommandée. Une quantité supplémentaire de 34 à 56 kg de N/ha (30 à 50 lb/acre) peut être nécessaire dans le maïs en continu, par rapport à une rotation maïs-soya2. L’application de N à divers moments au cours de la saison, par exemple en présemis et en bandes latérales, peut contribuer à accroître l’efficacité de l’utilisation de l’azote par les plants de maïs dans un système de maïs en continu.
Le phosphore (P) et le potassium (K) doivent également être maintenus à des niveaux optimaux dans le maïs en continu pour favoriser l’établissement des peuplements et aider à atténuer le plus possible les problèmes de verse et de pourriture des tiges. Dans une culture de rotation typique, les plants de maïs utilisent plus de P et moins de K que les plants de soya. L’utilisation d’un engrais de démarrage équilibré est plus susceptible de produire une réponse positive dans le maïs en continu que dans une rotation maïs-soya, en raison des conditions de croissance stressantes en début de saison.
Choix des produits
Une autre clé de la réussite de la production de maïs en continu consiste à choisir un produit de maïs bien adapté. Les produits doivent être sélectionnés pour leurs excellentes caractéristiques d’émergence, de vigueur hâtive, de résistance aux maladies et de solidité des racines et des tiges. Les produits présentant une cote élevée pour l’émergence ont de meilleures chances de passer à travers une épaisse couche de résidus, en particulier lorsque ces résidus maintiennent les sols frais et humides. Les résidus des années précédentes peuvent abriter les agents pathogènes de certaines maladies, comme le dessèchement (figure 3), les taches grises (figure 4), la flétrissure bactérienne (figure 5) et la pourriture sèche de la tige (Diplodia) (figure 6); par conséquent, une plus grande tolérance ou résistance à ces maladies et à d’autres est souhaitable pour la production de maïs en continu. Les risques d’attaques par certains insectes nuisibles pendant la saison de croissance, notamment par la chrysomèle des racines du maïs et la pyrale du maïs, sont plus élevés avec la production en continu. Pour mieux se prémunir contre ces insectes, il peut être indiqué de choisir des produits dotés de plusieurs caractères de protection contre les insectes de surface et souterrains. Il est important d’adopter des pratiques de gestion responsable avec ces technologies. La chrysomèle des racines du maïs est une menace grave et a acquis une résistance aux caractères Bt dans certaines régions de l’Ontario. Pour aider à maîtriser ces ravageurs, envisagez de remplacer le maïs après un maximum de trois ans de culture en continue.
Figure 3. Dessèchement.
Figure 4. Taches grises.
Figure 5. Flétrissure bactérienne
Figure 6. Pourriture sèche de la tige (Diplodia).
Traitements de semences
Pendant l’établissement de la culture, des agents pathogènes des semences et des plantules ainsi que des insectes du sol, tels que les vers fil-de-fer, la mouche des semis et les vers blancs, peuvent constituer une menace, surtout en présence d’une grande quantité de résidus. Des traitements de semences insecticides et fongicides peuvent aider à protéger les semences et les plantules pendant la levée et au début de l’établissement.
Fongicides
Les fongicides appliqués aux stades de croissance VT à R2 peuvent être bénéfiques si des maladies foliaires maîtrisables ont été observées au cours des interventions de dépistage de routine. Les champs dans lesquels la pression des maladies est plus forte peuvent nécessiter un programme fongicide séquentiel consistant en une application avant la sortie des panicules suivie d’une application entre les stades VT et R2. Les champs doivent être inspectés peu avant la sortie des panicules pour déterminer si un fongicide doit être envisagé. Des applications de fongicides en temps opportun peuvent être très utiles pour aider à limiter les pertes de rendement potentielles. Lisez et suivez toujours les directives figurant sur les étiquettes des fongicides.
Désherbage
La lutte contre les mauvaises herbes comporte des défis supplémentaires dans un système de production de maïs en continu. Les résidus de maïs peuvent réduire l’efficacité de nombreux herbicides appliqués au sol ou même permettre aux plantules de mauvaises herbes d’échapper aux herbicides de contact. Un herbicide à effet résiduel appliqué au sol doit être utilisé en présemis ou en prélevée pour diminuer la pression exercée par les mauvaises herbes et réduire la sélection potentielle de mauvaises herbes tolérantes aux herbicides. Appliquer des mesures de désherbage en début de saison peut agrandir la fenêtre d’application en postlevée. Pour profiter d’un désherbage le plus efficace possible, les traitements de postlevée doivent être effectués lorsque les mauvaises herbes sont petites. Des renseignements complémentaires sur la lutte contre les mauvaises herbes dans les systèmes de culture de maïs en continu sont offerts sur le site https://diversifiez.ca/. Il est particulièrement difficile de lutter contre le maïs spontané dans les systèmes de maïs en continu. Une gestion proactive est nécessaire car les options de lutte sont limitées après l’établissement de la nouvelle culture de maïs. Au moment de la récolte, les plants versés, les épis au sol, une moissonneuse-batteuse mal réglée et de mauvaises conditions de récolte peuvent entraîner des pertes de grains et augmenter la quantité de plants spontanés au printemps suivant. En limitant les pertes de récolte au minimum et en travaillant les champs à l’automne, on peut réduire la présence de maïs spontané dans la culture suivante.
Semis
Il est recommandé d’ensemencer les champs de maïs en continu après tous les autres champs de maïs, s’il y a lieu, car les résidus sont susceptibles de garder ces champs plus humides et frais. Il n’est généralement pas nécessaire d’augmenter les taux de semis pour compenser les pertes à la levée associées aux maladies et aux insectes de début de saison. Le risque de pertes de peuplement peut être plus élevé dans le cas du maïs en continu; cependant, d’autres pratiques de gestion, telles que le choix de semences et l’utilisation de traitements de semences de qualité, peuvent contribuer à réduire les problèmes d’établissement de la culture. Votre représentant Bayer peut vous aider à déterminer le taux de semis recommandé pour chaque produit. Parce que les résidus de maïs de l’année précédente peuvent nuire au contact sol-semence, il importe de préparer le lit de semence de manière à réduire l’interférence des résidus et à améliorer le contact entre les semences et le sol pour favoriser l’établissement de la culture.
Sources :
1 Gentry, L.F., Ruffo, M.L., and Below, F.E. 2013. Identifying factors controlling the continuous corn yield penalty. Agronomy Journal. 105: 295-303. https://dl.sciencesocieties.org/.
2 Nielsen, R.L., Johnson, B., Krupke, C., and Shaner, G. 2007. Mitigate the downside risks of corn following corn. Corny News Network. Purdue University. https://www.agry.purdue.edu/ext/corn/news/timeless/CornCorn.html.
3 Ontario Ministry of Agriculture, Food and Rural Affairs and the Canadian Corn Pest Coalition. Long-term responsible use of Bt hybrids for rootworm management.
Owen, M. 2007. Weed management in continuous corn. Iowa State University. IC-498. https://lib.dr.iastate.edu/.
Wilson, R., Sandell, L., Klein, R., and Bernards, M. 2010. Volunteer corn control. 2010 Crop Production Clinics Proceedings. University of Nebraska-Lincoln Extension.
Erickson, B. and Alexander, C. 2008. How are producers managing their corn after corn acres? Purdue University. https://www.agecon.purdue.edu/.
Sundermeier, A., Thomison, P., Reeder, R., Dick, W., and Mullen, R. 2007. Managing tillage and crop rotation in northwest Ohio. The Ohio State University Extension. AGF-506-07. http://ohioline.osu.edu/. Web sources verified 01/07/20.
Énoncés légaux :
La performance peut varier d’un endroit à l’autre et d’une année à l’autre, compte tenu des variations locales dans les conditions de croissance, de sol et de climat. Si possible, les producteurs devraient évaluer les résultats de plusieurs sites et années et devraient tenir compte des conséquences de ces conditions sur leurs champs.
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