Introduction

Les meilleures pratiques de gestion (MPG) pour un potentiel de rendement élevé et un ensilage de bonne qualité incluent la sélection du produit de maïs, la date de semis, la fertilisation, la lutte contre les ravageurs, les fongicides, la hauteur de coupe, le débit du remplissage et la teneur en matière sèche (MS) à la récolte. La présente liste des meilleures pratiques de gestion n’est pas exhaustive, mais présente certaines des pratiques importantes à considérer au moment de planifier un programme de production d’ensilage réussi.

Sélection du produit de maïs1,2

La maturité du produit est la principale caractéristique sur laquelle il faut baser son choix quant au bon produit de maïs à ensilage. Les caractéristiques de la teneur en vert et de la qualité sont également des facteurs importants dans le choix du produit. Les caractéristiques à prioriser dépendent également du type d’aliment requis. La teneur en amidon est très importante pour un produit qui sera alimenté au bovin de boucherie en phase de finition. La teneur en amidon est également importante pour la production laitière, mais la fibre hautement digestible est un trait plus important pour les vaches laitières à haute production.

  • Choisir un produit dont la maturité relative atteint régulièrement la bonne teneur en humidité à la récolte, avant le gel.
  • Choisir un produit bien adapté à la région géographique selon des données de performance locale tirées de plusieurs années, lorsque possible.
  • Choisir des produits de maïs qui sont dotés de caractéristiques de bonne tenue en vert et tolérance aux maladies.
  • Choisir des produits de maïs dont les rendements et la qualité répondent à des besoins spécifiques. Comparer les évaluations des produits de maïs dans un groupe de maturité donné.

Date et taux de semis1,2

  • Semer à des densités de 10 à 20 % supérieures que les densités de maïs utilisées pour la production de grains.
  • Les produits de pleine saison peuvent être semés dans la même période de semis que le maïs semé pour le grain.
  • Les produits de maïs semés pour l’ensilage peuvent être de saison plus longue que ceux semés pour le grain.Une culture d’ensilage doit atteindre une teneur en humidité du plant entier d’environ 65 %, ou environ la moitié de la ligne de maturité, pour atteindre la maturité appropriée à la récolte.Une culture de grains doit atteindre le stade du point noir avant le gel pour atteindre la bonne maturité à la récolte.
  • Semer tôt pour optimiser l’utilisation d’eau, de nutriments et de soleil par la culture.
  • Un retard de semis d’un produit de maïs de pleine saison peut produire des plants plus grands.
  • Une période de semis qui suit une culture de petits grains peut être une option viable dans les régions où la saison de croissance est assez longue pour rendre à maturité une culture d’ensilage de courte saison.

Fertilisation du sol3

Les produits de maïs pour l’ensilage requièrent habituellement une fertilisation plus intense en comparaison au maïs produit pour le grain.

  • Le prélèvement des nutriments du sol pour le potassium et le phosphore sera plus élevé pour l’ensilage que pour la production de grain à cause du prélèvement des résidus de culture.
  • La teneur en protéine de l’ensilage de maïs augmente à mesure que l’azote est plus disponible.
  • Selon la valeur alimentaire de l’ensilage de maïs, les taux d’azote pour la production d’ensilage devraient être augmentés d’environ 22 kg par hectare par rapport à la production de grain.
  • Un objectif de rendement de 56 tonnes métriques à l’hectare nécessite un total de 280 kg/ha d’azote disponible pour produire une récolte comparable à 12,5 tonne métrique/hectare.

Lutte contre les insectes

Les insectes ravageurs au-dessus du sol peuvent être plus problématiques si la culture ensilée est semée beaucoup plus tard que la plupart du maïs semé dans une région donnée. Le maïs semé plus tard peut attirer des populations élevées de pyrales, de vers-gris, du ver-gris occidental du haricot et autres ravageurs chenilles adultes au-dessus du sol (lépidoptères) dans le maïs et les dommages peuvent être substantiellement plus élevés que dans le cas du maïs semé tôt.

  • Chrysomèles des racines du maïs– Les chrysomèles des racines du maïs (occidentale, septentrionale) sont des insectes ravageurs importants surtout si le maïs est cultivé en continuet en présence de résistance aux produits de maïs dotés du trait Bt au-dessous du sol.La rotation des cultures est un outil important utilisé pour diminuer les populations de chrysomèles.De plus, le maïs semé plus tard ou le maïs à maturation plus tardive attire les femelles, car les soies peuvent être“vertes” pendant que les autres champs de maïs de la région sont au stade des soies brunes.Les champs d’ensilage peuvent donc attirer les femelles, ce qui augmente le nombre d’oeufs déposés dans ces champs.
  • Pyrales du maïs – Les pyrales du maïs sont des ravageurs très importants qui sont habituellement maîtrisés en semant du maïs Bt modifié génétiquement.
  • Les chenilles qui se nourrissent des épis – le ver-gris occidental du haricot et le ver de l’épi du maïs peuvent être difficiles à supprimer, car les applications d’insecticides sont difficiles à planifier au bon moment. La résistance à certains traits Bta été déclarée pour le ver-gris occidental du haricot et pour le ver de l’épi.
  • Les insectes du début de saison dans le maïs– Les vers-gris noirs et les insectes qui se nourrissent sur la semence comme les vers fil-de-fer,la mouche des semis et les vers blancs ont tendance à être problématiques dans le maïs pendant un printemps frais et très humide. Le traitement de semence utilisé sur les produits de maïs Bayer devrait maîtriser ces insectes.

Fongicides4

Lorsqu’un pathogène fongique infecte une plante, la réponse naturelle de la plante contre la maladie est une augmentation de la lignification, ce qui entraîne une diminution de la digestibilité de la fibre de détergent neutre (NDF). Divers pathogènes fongiques peuvent infecter l’épi, ce qui pourrait entraîner la présence de mycotoxines dans l’ensilage; si c’est une inquiétude, des échantillons devraient être envoyés au laboratoire pour évaluer la présence de mycotoxines.

  • Une application de fongicide peut augmenter l’efficacité alimentaire en diminuant la consommation de matière sèche.
  • Une infection fongique peut affecter l’épi et la tige, et le niveau d’infection peut varier d’un produit de maïs à l’autre, d’une année à l’autre.
  • Les infections fongiques peuvent entraîner des niveaux élevés de mycotoxines dans les aliments.
  • La production laitière n’est pas nécessairement affectée par un traitement de fongicide.

Hauteur de coupe5

Augmenter la hauteur de coupe de 6 à 12 pouces (15 à 30 cm) par rapport à la hauteur traditionnelle de 6 à 8 pouces (15 à 23 cm) peut améliorer la qualité de l’ensilage. Les produits de maïs ne réagissent pas tous de la même façon à une modification de la hauteur de coupe et ne réagissent pas de la même façon chaque année, mais il est important de faucher tout l’ensilage de la même hauteur pour le remplissage du silo.

  • La fibre de détergent neutre (NDF) peut diminuer de 7 à 10 %.
  • Les teneurs d’amidon peuvent augmenter de 6 %.
  • La production laitière par tonne peut augmenter de 5 % et la production laitière peut diminuer de 2 % à l’acre.
  •  Le rendement à l’acre peut diminuer de 7 %5 

Inoculants de bactéries6

Les inoculants à ensilage contiennent des bactéries anaérobiques (n’ont pas besoin d’oxygène) qui produisent de l’acide lactique qui, lorsque le procédé d’ensilage est complété, diminuent le pH de l’ensilage à environ quatre. Le résultat recherché de la fermentation de l’ensilage est la production de niveaux plus élevés d’acide lactique et de niveaux moins élevés d’acide acétique. Des inoculants peuvent être utilisés pour améliorer le procédé de fabrication d’un ensilage coupé à une teneur en MS moins qu’optimale, mais les conditions ne sont pas toutes propices pour l’inoculation.

  • Le succès d’un inoculant dépend de la densité de la population naturelle de bactéries productrices d’acide lactique vivantes sur le maïs lors de la récolte.
  • Les bactéries dans l’inoculant se développent rapidement et efficacement, entraînant une augmentation du taux de fermentation.
  • Plus la population naturelle est élevée, plus c’est difficile pour les bactéries non naturelles (ajoutées par l’inoculant) de dominer la culture et d’aider à la fermentation.
  • Les populations naturelles de bactéries productrices d’acide lactique ne se développent pas bien en présence de conditions sèches, ce qui explique pourquoi les inoculants sont plus efficaces dans les cultures sèches.
  • Les inoculants peuvent diminuer les pertes de matières sèches de 2 à 3 % dans un silo fosse bien géré.
  • La transition des produits de fermentation(acide lactique plus élevée et acide acétique plus bas) devrait améliorer l’efficacité alimentaire des animaux, car les animaux peuvent utiliser l’acide lactique plus efficacement que l’acide acétique.Les additifs non bactériens pour l’ensilage incluent des sucres et des enzymes.Les inhibiteurs, incluant des propionates, l’azote non protéique (ANP) et des acides font partie d’une autre classe d’additifs pour l’ensilage.Un additif commercial pour l’ensilage peut contenir plusieurs types d’additifs dotés de différentes fonctions. La valeur d’un additif varie selon la situation et les besoins.Les additifs ne sont pas conçus pour compenser une mauvaise gestion de l’ensilage.

Effets du stress en saison sur la qualité7

  • La teneur en fibre peut augmenter et la teneur en nitrates peut s’aggraver si l’ensilage de maïs est cultivé en présence d’un stress thermique et hydrique.
  • La production de grains du maïs cultivé dans des conditions plus fraîches,des environnements moins stressants, peut augmenter.
  • Les stress abiotiques comme la sécheresse et la chaleur peuvent affecter le potentiel de rendement et la qualité de l’ensilage de maïs de façon remarquable, par contre les mécanismes par lesquels ils fonctionnent sont différents.
  • Selon la période où le stress survient, l’impact du stress hydrique peut être variable.
  • Si le stress hydrique survient seulement aux stades végétatifs, les rendements de matière sèche peuvent être compromis, mais la composition nutritive ne sera pas nécessairement affectée.Par contre, si le stress hydrique survient pendant les stades de reproduction (c.-à-d. stade des soies),le rendement en matière sèche et la composition nutritive peuvent être affectés.
  • Le stress hydrique, défini comme étant des températures supérieures à 35 °C, ayant lieu pendant les premiers stades de développement des grains, peut avoir un impact négatif sur le potentiel de rendement de l’ensilage de maïs et sur la composition nutritive.
  • Sélectionner une maturité et une date de semis pour éviter que le stade des soies et le début du développement des grains coïncident avec des températures environnementales très élevées.

Teneurs en azote8

Les teneurs en azote peuvent augmenter dans le bas de la tige en présence de conditions défavorables, surtout une sécheresse. Les teneurs en azote augmentent lorsque la croissance ralentit et qu’il y a abondance de nitrates. Il y a plusieurs méthodes pour diminuer l’impact négatif des nitrates dans l’ensilage de maïs.

  • Surélever la barre de coupe pour laisser au moins 15 à 30 cm de chaume.
  • Ne pas servir l’aliment tant que le procédé de fermentation n’est pas terminé. Lorsque les conditions sont idéales, la fermentation est complète en trois semaines.
  • La fermentation diminue les niveaux de nitrates de 30 à 50 %.
  • Ne pas semer un champ pour faire de l’ensilage si des quantités élevées de fumier ou des taux élevés d’engrais azotés ont été appliqués sur un sol très sec.
  • Minimiser le phytostress associé aux carences nutritives.
  • Récolter pendant des journées ensoleillées.
  • Attendre trois jours pour récolter après une pluie torrentielle qui suit une période sèche.
  • Diluer une source d’aliment élevée en nitrates en servant une diète plus concentrée en grain ou du foin peu élevé en nitrates.
  • Analyser le niveau de nitrates dans l’ensilage avant de le servir si l’on a des préoccupations quant aux teneurs élevées en nitrates.

Rythme de livraison de la récolte d’ensilage dans les amas et les silos fosses

La qualité de l’ensilage peut être grandement affectée par la régularité et le rythme des livraisons. L’entassement est essentiel pendant le remplissage du silo pour atteindre la densité finale désirée.

  • Créer un débit constant du matériel.S’assurer que les camions livrent le fourrage à un rythme régulier pour éviter de submerger les efforts des tracteurs d’entassement.
  • Ajuster le rythme de livraison pour adapter le nombre et la grosseur des ensileuses à la capacité d’entassement de la structure d’ensilage.
  • S’assurer que le temps d’entassement par les tracteurs est suffisant pour entasser l’ensilage à la densité voulue de 275 kg de MS par mètre cube(16 lb MS/pi3).
  • L’ensilage ne peut pas être trop entassé.
  • L’ajout d’un tracteur peut permettre d’entasser l’amas d’ensilage à la densité voulue.
  Pollinisation non stressée à gauche, très stressée à droite.
Figure 1. Pollinisation non stressée à gauche, très stressée à droite.
  • Maximiser l’efficacité du tracteur d’entassement en gardant le tracteur toujours sur la face de l’ensilage.
  • Garder le(s) tracteur(s) en action constante sur l’amas, pas au travail lent ou en attente de la livraison suivante.
  • S’assurer que les conducteurs des tracteurs entassent la surface entière.Répartir les tracteurs de façon à ce qu’ils poussent et entassent l’aliment vers le haut de la face de l’amas. Porter une attention spéciale à la moitié du haut et au côté de l’amas, où la densité d’entassement a tendance à être la moins élevée. Les chercheurs de l’université Cornell (Ruppel, 1992) ont étudié la relation entre la densité d’entassement et les pertes en MS dans l’ensilage de Luzerne sur 96 jours en moyenne : % perte MS = 29,1 – 0,936 x densité MS(kg MS/ m3). Le tableau 1 démontre cette relation.

Tableau 1. Relation entre la perte en matière sèche et la densité d’entassement de l’ensilage.

Densité (kg MS/m3) Perte MS (%)
160 10.4
192 8.0
224 7.6
256 6.2
288 4.8
320 3.4

Matière sèche à la récolte (MS)8

Si l’on se base sur les MPG pour la production d’ensilage, le facteur le plus important à gérer est la teneur appropriée de MS à la récolte. La MS adéquate à la récolte varie selon la structure d’entreposage utilisée (Tableau 2). Il faut viser une teneur en MS de 35 % pour les silos-tours, les amas à entasser, les fosses et les sacs d’ensilage. 35 % MS est trop bas pour les structures de silos-tours “limitant l’oxygène” pouvant varier de 40 à 50 % MS selon les dimensions et la construction du silo. Lorsque le maïs est récolté à une teneur en MS peu élevée, du suintement peut survenir. Le suintement extrait des nutriments, surtout de l’azote soluble et des hydrates de carbone et peut endommager le silo. L’ensilage récolté à une teneur élevée en MS aura des poches d’air qui empêchent la fermentation anaérobique et permet aux moisissures de se développer. De plus, les grains deviennent plus durs et moins digestibles. L’ensilage entreposé à une teneur en MS trop basse ou trop élevée peut nuire au précédé de fabrication de l’ensilage, ce qui affecte la qualité de l’ensilage.

Tableau 2. Taux d’humidité de l’ensilage pour divers types d’entreposage.

Type de silo

Teneur en MS recommandée (%)

Silo-tour 35 to 40
Silo-tour “limitant l’oxygène”   40 to 50
Silos horizontaux (amas ou fosses) 30 to 35
Silos en sacs 30 to 40

Sources

1 Hybrid selection. Vulgarisation, université du Wisconsin. Corn Agronomy. http://corn.agronomy.wisc.edu/Silage/S001.aspx

2 Beauchemin, K., Baron, V. Guyader, J. et Alemu, A. 2018. Keys to Producing High Quality Corn Silage in Western Canada. WCDS Advances in Dairy Technology Volume 30: 147-159.

3 Soil fertility. Vulgarisation, université du Wisconsin. Corn Agronomy. http://corn.agronomy.wisc.edu/Silage/S002.aspx

4 Hartschuh, J. 2019. Foliar fungicide for corn silage: A benefit or an expense? Université d’état de l’Ohio.   Buckeye Dairy News. Vol. 21, Issue 4. https://dairy.osu.edu/newsletter/buckeye-dairy-news/volume-21-issue-4/foliar-fungicides

5 Roth, G.W. 2016. Considerations in managing cutting height of corn silage. Université d’état de la Pennsylvanie. https://extension.psu.edu/considerations-in-managing-cutting-height-of-corn-silage

6 Journal of Dairy Science. Silage review: Recent advances and future uses of silage additives. Vol. 101, Issue 5. https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0022030218303229.

7 Ferreira, G. et Brown, A. 2016. Environmental factors affecting corn quality for silage production. Virginia Polytechnic Institute et département des sciences des productions laitières de l’université d’état. Virginia Tech. https://www.intechopen.com/books/advances-in-silage-production-and-utilization/environmental-factors-affecting-corn-quality-for-silage-production

8 Heiniger, R. et Dunphy, J. 2004. Potential for High Nitrate Levels in Drought-Stressed Corn Silage. Vulgarisation état de la Caroline du Nord. https://content.ces.ncsu.edu/potential-for-high-nitrate-levels-in-drought-stressed-corn-silage#:~:text=High%20levels%20of%20nitrates%20in,N%20are%20

9 Bagg, J., Stewart, G., Wright, T. 2013. Récolte du maïs à ensilage à la bonne teneur en eau. MAAARO.

http://www.omafra.gov.on.ca/french/crops/facts/13-052.htm

9 Silva-del-Río, N., Heguy, J. 2013. Corn Silage: What are the Key Harvest Practices for Reducing Losses? Université de la Californie, Davis. https://alfalfa.ucdavis.edu/ 

La performance peut varier d'un endroit à l'autre et d'une année à l'autre, compte tenu des variations locales dans les conditions de croissance, de sol et de climat. Si possible, les producteurs devraient évaluer les résultats de plusieurs sites et années et devraient tenir compte des conséquences de ces conditions sur leurs champs.

Mélanges en réservoir: L’utilisateur doit avoir en sa possession les étiquettes correspondant à chacun des produits, au moment de l’application. Respecter le mode d’emploi correspondant, incluant les taux d’application, les précautions et les restrictions de chaque produit utilisé dans le mélange en réservoir. Bayer n’a pas testé la compatibilité ou la performance des préparations des produits utilisés en mélange en réservoir, autres que celles spécifiquement indiquées dans la liste des marques de commerce. Toujours déterminer la compatibilité des produits utilisés dans les mélanges en réservoir en mélangeant préalablement de petites quantités proportionnelles.
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