L’ensilage de maïs est une excellente source d’énergie et de fibres pour les bovins de boucherie et les bovins laitiers. La qualité et le rendement des fourrages utilisés pour la production d’ensilage destiné à l’alimentation des bovins sont tous deux très importants. Il y a de nombreux facteurs à considérer lorsqu’on cultive du maïs dans le but de l’ensiler. L’hybride, la densité de semis, le moment de la récolte, la teneur en eau de la plante entière, la longueur du hachage, le craquage des grains, la densité du fourrage, la mise en silo et l’uniformité de l’ensilage ont tous un effet sur la qualité de l’ensilage et, par conséquent, sur le rendement des bovins qui consommeront l’ensilage. Bien qu’il y ait de nombreuses similitudes entre la gestion de l’ensilage de maïs pour l’alimentation des bovins de boucherie et celle pour l’alimentation des vaches laitières, il existe également quelques différences notables.
Densité de semis
Le taux de semis a une incidence substantielle sur la qualité et le potentiel de rendement du maïs ensilage. Un taux de semis plus élevé (de 10 % à 15 %) devrait être utilisé lorsqu’un hybride de maïs servira à la production d’ensilage plutôt qu’à la production de grains étant donné qu’une population élevée permet de maximiser le tonnage. Toutefois, une population trop élevée peut donner lieu à des plants plus feuillus qui produisent des épis plus petits, entraînant une baisse de la teneur en amidon de la culture et, ultimement, de l’ensilage.
Déterminer la teneur en matière sèche de la plante entière à la récolte
Pour produire un ensilage de qualité pour les bovins de boucherie ou pour les vaches laitières, il est essentiel de mesurer la teneur en matière sèche à la récolte. La ligne d’amidon dans le grain fournit un bon indice de la teneur en eau de la plante entière (figure 1). Par exemple, on estime généralement que la teneur en eau de la plante entière est d’environ 65 % au stade ½ ligne d’amidon. Toutefois, la ligne d’amidon ne permet que d’estimer la teneur en eau. Les producteurs qui ne se fient qu’à cet indice risquent de récolter leur maïs ensilage lorsqu’il est trop humide ou trop sec, ce qui compromet la qualité de l’ensilage. Une mesure plus exacte de la teneur en eau peut être obtenue en utilisant un four à micro-onde, un four de séchage ou un humidimètre à fourrage (aussi appelé testeur d’humidité). Quelle que soit la méthode utilisée, ce qui importe le plus est de prélever un échantillon représentatif afin que la mesure obtenue représente bien la teneur en eau pour l’ensemble du champ. La teneur en eau de la plante entière peut varier selon l’état de la culture, l’endroit dans le champ et l’hybride.
Figure 1. Stades de croissance selon la ligne d’amidon.
Craquage des grains
Le craquage des grains de maïs ensilage entraîne une meilleure utilisation de l’amidon, ce qui peut faire augmenter l’indice de consommation ou la production de lait. Des rouleaux craqueurs sont fixés à l’ensileuse et concassent les grains après le hachage de la plante. L’amidon des grains craqués est plus accessible aux microorganismes du rumen. Cela permet de réduire le gaspillage d’énergie en réduisant la quantité d’amidon non absorbée et excrétée par l’animal. La quantité de l’amidon fécal peut être mesurée par une analyse du fumier.
Figure 2. Récole de maïs ensilage
Choix du moment de la récolte
Le maïs ensilage devrait être récolté au moment où sa teneur en eau assurera une longue conservation et une fermentation adéquate selon le type de silo. Pour les silos-couloirs, les silos boudins ou l’ensilage en tas, la teneur en eau de la plante entière devrait se situer entre 60 % et 68 % (autrement dit, la teneur en matière sèche devrait être entre 32 % à 40 %). Pour les silos verticaux, la teneur en eau de la plante entière peut varier considérablement, se situant entre 35 % à 68 % (pour une teneur en matière sèche entre 32 % à 65 %), selon le type de silo vertical utilisé pour le stockage. Du maïs ensilage trop humide au moment de la récolte fermentera mal et produira une quantité importante d’effluents par suintement. Le suintement entraîne des pertes d’éléments nutritifs, notamment d’azote et de glucides solubles. En revanche, si le maïs ensilage est trop sec, il sera difficile d’atteindre une densité suffisamment élevée pour exclure l’air, ce qui préviendra la fermentation anaérobie et favorisera la croissance des moisissures. En outre, les grains trop secs sont plus durs et moins digestibles.
Analyses de laboratoire pour déterminer la qualité de l’ensilage
De la trentaine d’analyses différentes offertes par les laboratoires d’aliments pour animaux, quatre sont importantes pour évaluer la qualité de l’ensilage et formuler une ration équilibrée pour les bovins.
Matière sèche (MS)
- La teneur en MS est utilisée pour déterminer la teneur en eau de l’ensilage et est exprimée en pourcentage de l’échantillon d’aliment.
- La teneur en MS est en étroite corrélation avec la maturité de la plante. Tout au long du processus de maturation d’une plante, la teneur en eau de la plante diminue, ce qui entraîne une baisse de la digestibilité des fibres et une hausse de la teneur en MS.
- Une teneur élevée en MS diminue l’appétence de l’ensilage, ce qui provoque souvent une baisse de la consommation et du rendement de l’animal.
- La consommation peut aussi diminuer si la teneur en MS est trop faible, ce qui peut également indiquer une perte excessive d’éléments nutritifs (par suintement).
Fibres au détergent neutre (NDF)
- La teneur en fibres d’un ensilage est exprimée en pourcentage et se situe idéalement entre 35 % et 55 %.
- La fibre alimentaire est une composante importante de l’alimentation des ruminants et elle représente environ 25 % de la valeur économique de l’ensilage.
- Plus la teneur en NDF est élevée, moins la qualité de l’aliment est bonne; toutefois, si la teneur en NDF est trop faible, il peut être nécessaire d’ajouter une autre source de fibre à la ration.
- La NDFD est la fraction digestible de la NDF; une valeur NDFD élevée est associée à un ensilage de qualité.
Digestibilité in vitro des fibres au détergent neutre
- Le terme in vitro indique que l’analyse a été effectuée à l’aide d’une solution de jus de rumen extrait d’animaux vivants. L’utilisation de jus de rumen pour digérer la fibre permet de prédire assez bien la performance de l’ensilage lorsqu’il sera donné à des animaux similaires.
- L’échantillon est incubé pendant 48 heures et des mesures sont prises après 24, 30 et 48 heures. L’analyse permet de déterminer le pourcentage de fibres digérées à ces intervalles, ce qui donne une bonne indication de la vitesse à laquelle les fibres seront digérées dans le rumen. Un ensilage de qualité est digéré plus rapidement.
- Les données sur les NDF et la digestibilité in vitro des NDF servent à prédire la consommation de matière sèche dans les modèles MILK2000 et MILK2006. Ces modèles sont utilisés pour estimer la quantité de lait produite par tonne de matière sèche d’ensilage de maïs. Ces données sont utiles aux producteurs pour comparer le potentiel des différents hybrides.
Amidon
- L’amidon est la composante de l’ensilage de maïs qui fournit l’énergie. La teneur en amidon est exprimée en pourcentage et elle devrait idéalement se situer entre 25 % et 40 %.
- Un plant court qui produit un gros épi devrait avoir une teneur en amidon plus élevée qu’un plant haut qui produit un épi de la même taille. Généralement, plus le poids de la plante à l’exclusion du grain (donc la tige, les feuilles, les spathes et la rafle) est élevé, plus la teneur en amidon de l’échantillon d’ensilage sera faible.
- Un ensilage riche en amidon a une valeur énergétique élevée; il ne sera donc pas nécessaire de l’enrichir avec autant de céréales qu’un ensilage pauvre en amidon.
Minimiser les pertes d’ensilage
Voici les pratiques les plus importantes pour minimiser les pertes d’ensilage :
- Effectuer la récolte lorsque la teneur en matière sèche est adéquate
- Remplir le silo rapidement et bien le tasser
- Fermer hermétiquement le silo
- Donner une quantité d’aliments adéquate aux animaux
- Maintenir un front d’attaque ferme pendant les prélèvements
Figure 3. Table d’alimentation pour vaches laitières
Différences entre les rations pour bovins de boucherie et celles pour vaches laitières
Vaches laitières
- Des fibres de qualité sont essentielles à la productivité des vaches laitières et l’ensilage peut être une importante source de fibres.
- Des céréales sont souvent ajoutées à l’ensilage pour accroître sa valeur énergétique; toutefois, une alimentation trop riche en amidon peut causer l’acidose, un trouble qui peut s’avérer fatal.
- Une ration modifiée comprenant souvent de l’ensilage est donnée aux vaches taries pour les aider à prendre du poids et à se préparer au vêlage.
Bovins de boucherie
- Les rations pour bovins gras contiennent généralement peu d’ensilage et beaucoup d’amidon afin de soutenir la prise de poids avant l’abattage et de favoriser le persillage.
- Les bovins d’engraissement plus légers reçoivent des rations qui contiennent une plus grande proportion d’ensilage; toutefois, à mesure qu’ils prennent du poids, les rations sont ajustées et la proportion d’ensilage diminue au profit de l’amidon.
- Les troupeaux de bovins de boucherie ne sont généralement pas nourris à l’ensilage puisqu’ils sont élevés dans des pâturages de graminées. Ils ne reçoivent pas d’aliments supplémentaires à moins qu’il n’y ait pas assez d’herbe pour satisfaire leurs besoins nutritionnels. Lorsqu’un troupeau de vaches a besoin d’aliments additionnels, un programme d’alimentation à base d’ensilage convient.
Sources
Shaver R. 2007. Evaluating corn silage quality for dairy cattle. University of Wisconsin-Extension.
https://fyi.extension.wisc.edu/forage/evaluating-corn-silage-quality-for-dairy-cattle/.
University of Wisconsin. Harvesting and storage. Corn Agronomy.
http://corn.agronomy.wisc.edu/Silage/S004.aspx.
Beauchemin, K., Baron, V. Guyader, J., and Alemu, A. 2018. Keys to producing high quality corn silage in Western Canada. WCDS Advances in Dairy Technology Volume 30: 147-159.
Énoncés légaux
Le rendement peut varier d’un endroit à l’autre et d’une année à l’autre en fonction des conditions de croissance, du sol et des conditions climatiques locales. Dans la mesure du possible, les producteurs doivent évaluer les données de plusieurs parcelles sur plusieurs années et tenir compte de l’incidence de ces conditions sur leurs champs.
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